"J’ai failli mourir": le policier traîné au sol à Nantes "choqué" après les TIG pour le conducteur

Un policier traîné au sol par une voiture, sur 20 mètres. Les faits se sont produits à Nantes, le 2 mai dernier. Et le conducteur, un adolescent de 16 ans, a été condamné à 35 heures de travaux d’intérêt général (TIG) ce jeudi. Anthony, la victime, témoigne dans Apolline Matin ce vendredi sur RMC et RMC Story. En racontant d’abord la scène et ses blessures, puis en se disant "choqué" par le verdict du tribunal.
"Ça part d’un banal contrôle routier, comme on en fait tous les jours, explique le policier. Un véhicule roule bizarrement, avec une conduite imprécise. En amont, juste avant de contrôler le véhicule, on fait les fichiers. Malheureusement, le fichier des véhicules volés est en panne. On décide quand même de contrôler le véhicule. Moi, je descends, je me mets au niveau de la portière du conducteur. Je fais le protocole habituel, je demande de couper le contact, de donner les papiers, etc. Et là, c’est le trou noir. L’histoire commence pour moi à ce moment-là. J’ai juste des bribes de souvenir. Je demande au très jeune conducteur de couper le contact de sa voiture. Après, je me vois accroché au véhicule, avec une sensation de vitesse, au niveau de l’estomac. Et je reprends conscience dans le camion de pompiers."
"Ma tête, la partie gauche de mon crâne sur 5-6 cm, a été un peu scalpée, poursuit Anthony. J’ai eu une plaie en étoile, avec six points de suture. J’ai eu une perte de sang abondante, j’ai été KO pendant presque une minute. Ça a beaucoup choqué mes collègues. Ils pensaient que j’étais mort, parce que je ne bougeais plus et j’avais du sang qui sortait de la tête. Ils se sont dit que c’était fini. Quand je me suis réveillé, j’ai eu une phase de délire. Je racontais n’importe quoi. Mais tout ça, je ne m’en souviens pas. Quand je reprends conscience dans le camion de pompiers, ça fait déjà 45 minutes que je suis éveillé, mais je n’en ai aucun souvenir."
Une "mascarade" au tribunal
Au tribunal, la procureure a requis huit mois de prison avec sursis. Mais la cour a souhaité favoriser une dynamique de réinsertion pour ce garçon de 16 ans, jamais condamné, qui venait de reprendre les cours après avoir été déscolarisé. "Je me suis déplacé (au procès), j’ai voulu marquer le coup, voir le jeune individu et défendre ma cause, souligne le policier, Anthony. Dès le début, j’ai senti que les faits étaient un peu minimisés. Je ne vais pas dire qu’on excusait le jeune, mais presque. J’ai témoigné deux, trois minutes à la barre. J’ai bien senti qu’en gros, c’était ‘rasseyez-vous, c’est bien, on passe à autre chose’. Quand il y a eu la pause pour le délibéré, il y avait déjà eu la proposition de la juge pour les 35 heures de TIG. J’ai dit que ce n’était pas possible, que je ne pouvais pas assister à cette mascarade. Donc je suis parti."
Le parquet a fait appel. Anthony, lui, aimerait reprendre le travail, mais est inquiet pour la suite de sa carrière. "Je suis mitigé, j’ai deux sentiments, explique-t-il. J’ai envie de reprendre le travail parce que j’aime mon métier. Mais je reste quand même choqué. J’ai failli mourir. C’est pour ça que je suis un peu choqué que ça ait été minimisé au tribunal. Comme je suis vivant, on passe l’éponge et c’est terminé. C’est un très mauvais message qui est envoyé à la délinquance. Ça m’inquiète pour la continuité de ma carrière. On prend des risques en tant que flic. Et si, quand on est victime, on est mal pris en charge par la justice, ça fait peur pour le déroulement d’une carrière."