Mort d'un jeune après un plaquage: "On ne maîtrise plus le rugby", alerte le père d'une victime

Alors que le débat sur la violence des plaquages et les sanctions trop légères avait refait son apparition il y a quelques semaines dans les divisions professionnelles de rugby, la mort d'un jeune joueur de 15 ans, mercredi, ne va pas calmer les choses.
Nicolas Haddad est mort à 15 ans, trois jours après avoir fait un arrêt cardiaque. À l'origine de ce drame, un plaquage subi sur un terrain de rugby, lors duquel le jeune adolescent a reçu un choc à la tête. Il disputait un match avec son club, le RC Toulon, face à Bastia. En arrêt cardiorespiratoire sur le terrain, Nicolas Haddad avait été transféré à l'hôpital de Bastia, avant de succomber des suites de ses blessures.
Un drame qui fait ressurgir de mauvais souvenirs
Ce drame a particulièrement résonné dans l'esprit de Philippe Chauvin, qui a perdu son fils dans des circonstances similaires, en 2019: "On a vécu ça comme une répétition. Le scénario semble à peu près le même, un arrêt cardiaque sur un terrain de rugby, ensuite hospitalisé, puis enfin une tragédie, le jeune homme meurt. C'est très vif pour nous comme souvenir, et ça nous rappelle une triste période."
Son fils s'appelait lui aussi Nicolas. Lors d'un match de rugby dans les catégories de jeunes, "un double plaquage" lui a "arraché deux vertèbres cervicales". Philippe Chauvin a tenté d'obtenir des réponses, mais "ça fait 6 ans que Nicolas est mort, j'attends toujours un rapport d'expertise de la Fédération", se désole-t-il au micro d'Apolline Matin.
"Absurde"
Concernant le drame de son fils, Philippe Chauvin a une vidéo du plaquage fatal. Mais, la semaine dernière, lors d'un échange avec Florian Grill, président de la FFR, ce dernier lui a avoué "ne pas avoir de document écrit, et qu'ils avaient perdu la vidéo". "On est dans l'absurde", s'énerve le père de l'adolescent décédé sur RMC.
"On ne maîtrise pas ce sport. Le rugby n'est plus sous maîtrise. On ne peut pas être dans la fatalité. Au sein du rugby, on ne veut pas connaître la vérité et la vérité dérange", résume-t-il amèrement.
Le problème, selon lui, réside dans l'évolution du rugby, dans lequel on trouve "des physiques de plus en plus importants" et des joueurs qui "vont de plus en plus vite". "Si on arrive à des collisions de plus en plus importantes, c'est qu'il faut peut-être mettre des régulations qui permettent de demander une maîtrise de soi", propose Philippe Chauvin.
Des nouvelles techniques de plaquage?
Pour ne pas se blesser et ne pas blesser son adversaire lors d'un plaquage, cela nécessite beaucoup de technique. Ce que s'efforcent notamment à faire les entraîneurs du club du Beausset, à une vingtaine de kilomètres de Toulon, où l'on ne veut pas passer la mort de Nicolas Haddad sous silence.
"L'accident qu'il y a eu ce week-end est incompréhensible et injuste", déplore Daniel Negroni le manager du club.
"On va intervenir à partir des U12, mettre des mots sur ce qu'il s'est passé, voir s'ils ont des choses dont ils veulent parler avec nous", enchaîne Raphaël Navarrete, le président. Pas question en revanche d'en parler aux plus jeunes, âgés de moins de 8 ans: "Eux on estime qu'ils sont trop jeunes et en accord avec leurs parents, on ne leur dit pas les termes exacts."
Des ateliers de sensibilisation aux plaquages
Au programme de l'entraînement, ce mercredi, un atelier spécifique plaquage. Le jeu du kangourou et du coyote. "L'objectif du kangourou, c'est de se faire attraper, l'idée c'est de tomber au sol et voir la protection au sol. Le coyote, l'objectif c'est d'avoir l'attitude du plaqueur, bien se protéger la tête, emmener le joueur au sol, l'attraper et le bloquer au sol", explique Raphaël Navarrete.
"Quand on plaque les gens, il faut toujours mettre la tête sur le joueur pour pas que tu te fasses écraser la tête", retient un des enfants présents. Un message répété par des éducateurs tous sensibilisés, formés à la fois aux dangers du plaquage et aux gestes de premier secours.
En 2018, la FFR avait interdit les plaquages avant l'âge de 12 ans. Chez les U8, U10 et U12, c'est un rugby au toucher. Dans ces catégories, l'apprentissage du plaquage se fait quand même en court d'année, pour sensibiliser et prendre les bons réflexes du plaquage.