L'ancien pompier accusé d'assassinat avec une madeleine continue à nier en appel

Madeleines (illustration) - UNSPLASH
"Je suis innocent, voilà cinq ans que je le répète": l'ancien pompier, accusé d'avoir étouffé avec une madeleine une nonagénaire dont il avait acheté la maison en viager, a encore rejeté mercredi toutes les accusations, au premier jour de son procès en appel à Orléans.
Acquitté lors du premier procès contre l'avis du parquet qui a fait appel, Alain J., gilet marron et pantalon bleu, est arrivé libre devant la cour d'assises. L'ancien pompier, qui clame son innocence depuis le début, a passé trois ans en détention provisoire entre 2019 et 2022.
Reconnu innocent en 2022, le parquet avait fait appel
L'homme de 64 ans, qui a acheté la maison de la victime en viager en 1995, avait été reconnu innocent par la cour d'assises d'Indre-et-Loire le 13 mai 2022. Le parquet avait fait appel du jugement.
Trois ans plus tôt jour pour jour, la victime, Yvette B., une femme de 92 ans atteinte de la maladie d'Alzheimer, avait été retrouvée morte dans son lit, dans l'Ehpad de Tours où elle résidait, plusieurs morceaux de madeleine dans la bouche.
Juste avant la découverte du décès, l'accusé lui avait rendu visite et lui avait apporté un paquet de madeleines.
Mercredi, le fonctionnaire de police judiciaire chargé de l'enquête a mis en avant les soupçons du personnel de l'Ehpad juste après la découverte du décès. Il a aussi insisté sur le fait que l'accusé avait souvent varié dans ses déclarations et conclu que le seul scénario plausible renvoyait à sa culpabilité.
Le médecin légiste, a-t-il rappelé devant la cour, avait conclu à un décès par asphyxie et jugé qu'il n'était "pas possible d'écarter l'intervention d'un tiers". Or la victime "n'avait aucune trace de madeleine sur les mains" alors que l'accusé assure qu'elle avait bien saisi les gâteaux.
Le pompier encourt la réclusion criminelle à perpétuité
Le personnel de l'Ehpad avait en outre indiqué que l'accusé n'avait commencé à venir à l'Ehpad que très récemment, alors qu'il se prévalait d'être très proche de la victime.
En première instance, les avocats de la défense, maîtres Abed Benjador père et fils, avaient quant à eux insisté sur les zones d'ombre et les "nombreuses failles" d'une enquête qu'ils avaient qualifiée de "scandaleuse".
Ils avaient pointé du doigt les imprécisions, voire le comportement des témoins. Pourquoi, par exemple, la toilette mortuaire de la défunte avait-elle été effectuée avant l'arrivée du médecin venu constater le décès et des policiers? Les deux conseils avaient aussi contesté la réalité du mobile financier lié au viager, avancé par le ministère public, et le doute avait profité à l'accusé.
"Rien n'a permis de démontrer qu'il était présent" au moment du décès de la victime et rien ne permet d'écarter "qu'elle ait pu s'étouffer par elle-même", avait souligné la cour à l'issue du premier procès.
Comme en 2022, Alain J. encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat. En 2022, le ministère public avait requis vingt ans de prison.