Le cofondateur de l'entreprise de cryptomonnaies Ledger et sa compagne enlevés contre rançon puis libérés

Gendarmerie (illustration). - Sameer Al-DOUMY / AFP
Kidnappés, séquestrés puis libérés: les investigations se poursuivent ce jeudi 23 janvier, après la libération la veille par la gendarmerie du cofondateur d'une société spécialisée dans la sécurisation des cryptoactifs et de sa compagne,qui avaient été enlevés mardi dans le Cher contre rançon.
Leur enlèvement remonte au "petit matin" mardi. David Balland, associé et cofondateur de Ledger, et sa compagne avaient été kidnappés à leur domicile dans le Cher. Selon le parquet de Paris, qui dirige les investigations, les ravisseurs réclamaient "le paiement d'une importante rançon en cryptomonnaie". Ces faits leur font "encourir la réclusion criminelle à perpétuité".
Dix personnes, neuf hommes et une femme, ont été interpellées dans l'enquête sur l'enlèvement et la séquestration du cofondateur d'une société spécialisée dans les cryptoactifs et de sa compagne, a annoncé jeudi la procureure de Paris.
Le cofondateur de l'entreprise, David Balland, libéré mercredi par le GIGN, a été hospitalisé pour une "mutilation à la main", a précisé Laure Beccuau lors d'une conférence de presse à Paris, précisant qu'une information judiciaire serait ouverte vendredi, notamment pour "enlèvement et séquestration en bande organisée", "actes de torture ou de barbarie" ainsi qu'"extorsion avec arme".
Sa compagne libérée par le GIGN
David Balland a été libéré mercredi, a indiqué jeudi matin le parquet. Puis, en fin d'après-midi, le ministère public a précisé que la compagne de l'homme d'affaires avait aussi été libérée par le GIGN, unité d'intervention de la gendarmerie.
Les investigations ont d'abord été dirigées par le parquet de Bourges, pour enlèvement et séquestration en bande organisée. La division de lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris a pris la suite. La gendarmerie nationale a été saisie dans son ensemble, de la section de recherches de Bourges à l'unité nationale Cyber.
Des rumeurs évoquant dans un premier temps la disparition d'Eric Larchevêque, très médiatique cofondateur de l'entreprise et notamment connu pour sa participation à l'émission de "Qui veut être mon associé" diffusée sur M6, avaient été relayées sur les réseaux sociaux. Jeudi après-midi, le parquet avait précisé que les enquêteurs étaient mobilisés avec le GIGN, pour "identifier et interpeller l'ensemble des auteurs de ce crime".
"Gros boum"
Depuis mardi soir, d'autres publications faisaient, elles, état d'opérations de police et de présence de gendarmerie sur les communes de Vierzon et Méreau. À Méreau, village de 2.600 habitants au sud de Vierzon, une opération de gendarmerie était encore en cours jeudi en début d'après-midi, a constaté un journaliste de l'AFP.
À deux kilomètres de là, au bord du canal du Berry sur la commune de Vierzon, un propriétaire fixait jeudi des planches de bois aux fenêtres de logements destinés à la location. Ses logements ont été perquisitionnés la veille, et leurs portes et fenêtres fracturés lors de cette opération, a indiqué ce propriétaire, souhaitant garder l'anonymat.
Il a également précisé que les gendarmes lui avaient demandé de fournir ses réservations Airbnb et Booking. Au total, "des dizaines d'appartements Airbnb ont été vérifiés par les forces de l'ordre" dans le cadre de cette affaire, dans la commune et ailleurs, a-t-il avancé.
Pour lui, l'important, c'est que la victime soit en vie. "Une vie était en jeu, tout ça, c'est impressionnant, il faudra réparer, mais ce n'est pas le plus important", a-t-il ajouté. "J'ai entendu un gros boum, j'ai eu peur, je me suis demandé ce que c'était", a aussi raconté mercredi à Ici Berry une riveraine qui n'a pas souhaité révéler son identité, précisant avoir aperçu "un hélicoptère qui survolait le secteur".
L'entreprise valorisée à plus d'un milliard d'euros
Ledger est une licorne (startup qui a dépassé le milliard de dollars) française, fondée en 2014, leader mondial dans la conception de portefeuilles physiques de cryptomonnaies, permettant à chacun de gérer en direct ses propres cryptoactifs.
L'entreprise, valorisée à plus d'un milliard d'euros, a vendu plus de sept millions d'appareils dans plus 180 pays et en 10 langues. Elle sécurise 20% des actifs numériques mondiaux, et compte plus de 100 clients institutionnels.
Cette affaire d'enlèvement, en lien avec les cryptomonnaies, n'est pas sans rappeler celle d'un homme de 56 ans, retrouvé début janvier dans le coffre d'une voiture près du Mans, à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui dans l'Ain.
Selon plusieurs médias, il s'agissait d'un influenceur en cryptomonnaies basé à Dubaï, qui publie régulièrement des vidéos sur ses gains, et une demande de rançon avait été faite. Le parquet de Bourg-en-Bresse avait alors ouvert une enquête de flagrance du chef d'arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire commis en bande organisée.