Meurtre de Philippine: la libération du suspect respectait strictement la loi

Depuis mercredi, des élus de droite comme de gauche polémiquent sur la libération sous OQTF début septembre de l'homme désormais soupçonné d'avoir tué Philippine, cette étudiante de 19 ans, vendredi dernier à Paris.
Pourtant, RMC a pu consulter l'ordonnance du juge des libertés et de la détention qui a décidé, le 3 septembre, de ne pas maintenir en centre de rétention cet homme expulsable et déjà condamné pour viol. Et cette décision respecte strictement la loi. En réalité, le juge n'avait pas d'autre choix : aucun des critères prévus dans la loi, même récemment modifiée, ne permettait de renouveler une 4e fois la rétention administrative de cet homme.
Le risque de trouble à l'ordre public n'était pas exclu
Paradoxalement, dans son ordonnance, le magistrat reconnaissait que, vu le profil du condamné, "le risque de réitération de faits délictueux et donc la menace de trouble à l’ordre public ne peut être exclue". Mais pour autant, cet homme n’a pas créé de trouble en rétention, alors impossible légalement de le laisser enfermé une 4e et dernière fois pour quinze jours.
De son côté, le Maroc n’envoyait toujours pas le laisser-passer consulaire permettant enfin de l’expulser. Résultat: assignation à résidence et obligation de pointage. Des mesures qui s’imposaient. La Préfecture n’a pas fait appel. Cet homme n'a pas respecté ces mesures.
Invité de Charles Matin, sur RMC et RMC Story, Frédéric Lauze, Secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale a fait part, jeudi, de sa "grande colère".
"Pourquoi ce n'est pas le hasard, ce qui peut arriver de dysfonctionnement, c'est une accumulations de dysfonctionnements systémiques concentrés, qui sont très révélateurs des maux de notre impuissance publique. Je n'ai pas l'habitude d'envoyer des accusations sur la justice, les lois ne sont pas adaptées, une partie des juges sont peut-être laxistes, d'autres non. Plus qu'un problème de justice et d'idéologie, je crois qu'on a un ensemble de dysfonctionnements qui sont concentrés et révélateurs", a ajouté Frédéric Lauze, qui a été chef de la police du Val-d’Oise en 2019.