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Mont-Saint-Martin: l’IGPN enquête sur la blessure grave d’un homme après l’intervention du RAID

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A Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), dans la nuit de jeudi à vendredi, un conducteur de 25 ans a été très grièvement blessé à la tête alors que les policiers du RAID intervenaient face à des émeutiers. La justice a immédiatement ouvert une enquête pour "violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique". Sa famille témoigne sur RMC.

Une enquête est ouverte en Meurthe-et-Moselle après l’intervention des policiers du RAID,  jeudi soir, lors de scènes d’émeutes à Mont-Saint-Martin, à la frontière belge. Aymen, un agent de sécurité de 25 ans travaillant au Luxembourg, a été très grièvement blessé à la tête par un projectile alors qu’il était au volant de sa voiture près de chez lui. Il est depuis hospitalisé dans le coma, comme l’indiquait dès vendredi Le Républicain Lorrain.

Selon ses proches, Aymen était rentré chez lui après sa journée de travail à Luxembourg. En ressortant en voiture avec deux jeunes amis pour aller s’acheter à manger dans une station-service, il a reçu un projectile à la tête alors qu’il était au volant. Transporté dans un premier temps aux urgences de l’hôpital de Mont-Saint-Martin, il a ensuite été transféré en Belgique vers l’hôpital d’Arlon, au vu de la gravité de sa blessure. Sa mère, Yasmina, explique à RMC qu’il souffre d’un "œdème cérébral" et que les médecins l’ont plongé dans un coma artificiel. "Je ne pense qu’à la santé de mon fils. S’il s’en sort sans séquelle, c’est vraiment un miracle", dit-elle.

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"Ils m’ont dit que c’était la faute du RAID"

Dans les heures qui ont suivi la blessure d’Aymen, ses proches, qui n’étaient pas présents lors des faits, sont allés porter plainte au commissariat. Son grand frère Roshdi raconte à RMC: "La police m’a dit ‘il était au mauvais endroit au mauvais moment’. La police de Mont-Saint-Martin, dès que je suis arrivé, m’a dit que ce n’était pas eux, qu’ils n’avaient rien à voir dans tout cela et que c’était la faute du RAID".

Une responsabilité "pas exclue mais pas avérée" à ce stade

Dès qu’elle a eu connaissance de la plainte, la procureure de Val de Briey a ouvert une enquête préliminaire pour "violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique", confiée à l’antenne IGPN de Metz. Joint par RMC, le parquet souligne qu’il ne s’agit nullement d’une affaire de refus d’obtempérer mais bien d’un contexte de violences urbaines. La procureure confirme que cette nuit-là, face aux émeutiers et sous le feu des mortiers d’artifice, les policiers du RAID ont bien tiré, notamment au LBD ou encore des munitions "bean bag", un projectile non létal en sachet contenant des billes. La responsabilité des policiers dans la blessure grave d’Aymen n’est donc "pas exclue mais pas avérée" à ce stade, affirme la procureure de Val de Briey.

L’enquête, qualifiée de "complexe", tente de reconstituer les circonstances dans lesquelles le jeune homme a été blessé. Les faits se sont produits en pleine nuit et n’auraient été captés par aucun enregistrement vidéo. Par ailleurs, la victime étant hospitalisée en Belgique, les enquêteurs de l’IGPN ne disposent pas encore de constatations médico-légales sur la nature et les possible causes de sa blessure. Les auditions des témoins et des policiers du RAID sont en cours pour faire la lumière sur cette affaire.

Que justice soit faite "sans débordement, sans violence"

Depuis la blessure d’Aymen, sa famille assure avoir multiplié les appels au calme auprès des amis de la victime en colère. "Moi ce que je veux, c’est que justice soit faite, sans débordement, sans violence", déclare à RMC son frère, Roshdi. "En espérant que la justice fera en sorte d’éclaircir tout cela et de nous sortir celui qui a tiré sur mon petit frère sans raison", complète-t-il. Sa mère Yasmina ajoute: "La police est censée protéger les citoyens mais pas de cette façon. On veut que la justice soit claire".

Guillaume Biet et Alfred Aurenche