Mort de deux ados après un refus d'obtempérer: la police doit-elle continuer les courses-poursuites?

Deux adolescents de 17 ans, qui circulaient sur un scooter, sont morts à Chelles (Seine-et-Marne) ce week-end après un accident de la route, consécutif à un refus d'obtempérer. Selon les premiers éléments, le scooter aurait grillé un feu vendredi soir, poussant une patrouille de police à prendre le véhicule en chasse.
Celui-ci n'aurait pas répondu aux injonctions des policiers de la Bac (brigade anti-criminalité), et aurait effectué un refus d'obtempérer avant d'être pris en chasse par une voiture de police. Au bout de quelques minutes, le véhicule des deux adolescents aurait fini par percuter une voiture à l'arrêt, entraînant la mort du conducteur et de son passager. Selon les premiers éléments, la voiture des policiers n'aurait pas percuté le scooter.
Un nouveau drame qui interroge. Faut-il systématiquement que les forces de police engagent des poursuites dangereuses en cas de refus d'obtempérer? "Oui", maintient ce lundi sur le plateau des "Grandes Gueules", David, policier dans le Vaucluse.
"À chaque fois qu’on s’engage, on ne sait pas sur quoi ça peut déboucher. Cette année, on a vécu une situation de délit de fuite de la part d'une voiture. On l’a suivie pendant cinq minutes, et quand on l'a arrêtée, on a découvert que le passager avant était mort, assassiné par le conducteur et le passager arrière, qui l'avaient ceinturé et allaient le jeter à la mer", raconte-t-il.
"On n'y va pas à chaque fois"
Si cette situation semble éloignée du drame de ce week-end, David estime qu'on ne sait jamais sur quoi la situation peut déboucher. "On ne sait pas si ceux que l'on poursuit sont armés, on ne sait pas pourquoi ils partent. Peut-être qu'ils ont une arme à feu, peut-être qu’ils veulent juste jouer avec nous", reconnaît le policier.
Se contenter de relever les plaques des véhicules incriminés a peu d'effet, ajoute David, qui évoque des véhicules volés ou des cartes grises pas à jour.
Aujourd'hui, le fonctionnaire assure que les policiers s'engagent parfois sur deux à trois refus d'obtempérer en une journée seulement. "On n'y va pas à chaque fois, il y a du discernement. Il y a des heures et des endroits où l’on ne tente même pas, comme à 16h30 avec les sorties des écoles", raconte David sur RMC et RMC Story.
Cette augmentation est peut-être due selon le policier à un manque d'informations. "Les gens ne savent pas que pour un défaut de permis de conduire, ce n'est plus de la garde à vue. C'est du contraventionnel, c'est une amende importante de 800 euros mais ça ne vaut pas une garde à vue ou la mort", rappelle-t-il.
Après le refus d'obtempérer de Chelles, deux enquêtes ont été ouvertes: l'une pour refus d'obtempérer, à l'encontre du conducteur, et l'autre pour blessures et homicide involontaire, à l'encontre des policiers impliqués.