Refus d'obtempérer: Bruno Retailleau va autoriser les policiers à poursuivre les chauffards

Tolérance zéro. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau va s'inspirer de la police britannique et va envoyer une circulaire à tous les préfets pour autoriser systématiquement la poursuite des véhicules effectuant un refus d'obtempérer: "J'enverrais la note pour permettre de poursuivre ces personnes qui mettent en danger la vie de beaucoup de Français", assure le nouveau patron des LR.
Avec cette circulaire, les préfets auront pour consigne de généraliser "la poursuite des véhicules en fuite s'étant soustrait aux injonctions de s'arrêter".
Mais déjà dans les rangs de la police, on craint ne pas pouvoir l'appliquer: "On n'a absolument aucune ressource financière pour former les policiers à la conduite rapide et au contact tactique. On demande des stylos bleus on crie déjà au drame", déplore ce mardi sur RMC et RMC Story Rémi, formateur au sein de la police nationale .
"Et si on l'était, il n'y a pas d'outil législatif qui protège nos collègues. Ce pays ne veut pas poursuivre les délinquants et protéger les victimes", poursuit-t-il.
"Si je percutais quelqu'un, j'aurais de gros soucis"
Lilian policier de la Bac (brigade anti-criminalité) en Île-de-France assure souvent devoir partir à la poursuite d'auteurs de rodéos urbains et explique que ces poursuites sont compliquées à mettre en place: "La circulaire dit qu'il faut le dispositif GPS dans la voiture pour que le central nous suive et c'est la salle de commandement qui a le dernier mot".
"Si je percutais quelqu'un, je pense que j'aurai de gros soucis", assure Stéphane, gendarme souvent confronté à des refus d'obtempérer. "Les conséquences sont énormes en cas de blessure ou de décès". Le fonctionnaire déplore aussi des sanctions judiciaires faibles contre les contrevenants: "Il a une convocation ultérieure au tribunal ou une comparution immédiate et parfois il y a de la prison ferme mais avec les remises de peine, ces peines ne sont pas effectuées".
Des risques pour la sécurité des riverains?
De son côté, La France insoumise (LFI) pointe les risques de poursuites dans des milieux urbains densément peuplés avec de nombreux piétons et vélos: "Ce sera au chef de bord de décider s'il doit prendre en chasse", assure le syndicaliste policier Rudy Manna. "Mais qu'est-ce qu'on fera si c'est trop dangereux, on les laissera partir?", s'interroge-t-il.
En 2024, les autorités ont recensé 24.900 refus d'obtempérer, un chiffre en baisse de 2% en un an. Ces refus d'obtempérer ont parfois des conséquences dramatiques. Le 4 juillet 2020, la gendarme Mélanie Lemée avait été mortellement blessée par une voiture qui refusait d'obtempérer dans le Lot-et-Garonne. Ce vendredi près de Nancy, c'est un gendarme qui a été volontairement percuté et gravement blessé en demandant à un motard en plein rodéo urbain de s'arrêter.