Rennes: 15 mois de prison avec sursis pour avoir filmé l'agonie d'un homme dans le métro

Le métro de Rennes (image d'illustration) - JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
Le 29 mai dernier, peu après 23 heures, un homme de 26 ans est retrouvé mort à l'entrée de la station Henri-Fréville du métro de Rennes. Attaqué à la machette, la victime était descendue dans la station avant de mourir dans les escaliers au niveau du quai. Pendant ce temps-là, une jeune femme de 18 ans filme la scène où le jeune homme s'écroule dans les escaliers, ensanglanté.
Mercredi, l'autrice de la vidéo, arrêtée le 5 juin dernier, a été condamnée à 15 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Rennes pour l'enregistrement de ces images violentes et non-assistance à personne en danger. Devant les juges, la jeune femme assure que "si cela avait lieu à nouveau, (elle aurait) appelé les secours, et n'aurai(t) pas filmé".
"J'arrive dans le métro et au loin je vois du sang, ça m'a choquée, j'ai eu le réflexe de filmer. Il y avait un homme qui se tenait à la rambarde, j'ai vu sa jambe c'était choquant, il est tombé à côté de moi, je filmais encore, ça m'a fait trop peur", a expliqué la jeune femme.
"Vous avez eu le réflexe de filmer mais pas d'appeler les secours?", lui a demandé la présidente. "Je n'ai pas pensé, j'étais choquée et les personnes que j'ai interpellées m'ont dit qu'ils allaient appeler les secours", a rétorqué la prévenue. Cette dernière a assuré ne pas savoir comment la vidéo s'était retrouvée sur les réseaux sociaux, l'ayant partagée uniquement à sa mère et son petit ami.
Six mois de prison avec sursis pour les personnes qui ont diffusé la vidéo
Or, le jeune homme a fait suivre la vidéo à sa sœur, qui l'a diffusée sur Snapchat en "story privée". Le jeune homme et sa sœur ont été poursuivis pour la diffusion de ces images devant le tribunal, qui les a condamnés à six mois d'emprisonnement avec sursis.
"Il y a eu une réelle perte de chance de survie, des secours immédiats auraient pu apporter une assistance supplémentaire à la victime", a déploré la procureure, avant de requérir des peines de 6 à 18 mois d'emprisonnement avec sursis à l'encontre des trois jeunes gens.
"Vous dites que vous ne recommencerez pas, mais la vidéo elle, recommence" en réapparaissant sans cesse sur les réseaux sociaux, a dénoncé l'avocate de la famille de la victime, Me Tatiana Abachkina. L'autrice de la vidéo "s'est retrouvée dans cette situation de manière totalement fortuite, à une minute près, elle n'était pas là [...] elle ne pouvait pas anticiper cette situation", qui a été "traumatique" aussi pour elle, a plaidé pour sa défense, Me Maxime Tessier. Après le prononcé du jugement, il a dit regretter cette peine "sévère" et envisager de faire appel.