Saint-Etienne-du-Rouvray: "Comment la préfecture de police peut-elle raisonner de cette façon?"

L'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 27 juillet 2016 - CHARLY TRIBALLEAU / AFP
L'assassinat du père Jacques Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016 aurait-il pu être évité? C'est la question que se posent les victimes du drame et leurs proches. Selon une enquête de Mediapart publiée jeudi, les renseignements français auraient postdaté une note pour couvrir leur "énorme raté" dans cette affaire.
Le site d'information rapporte qu'un policier de la Direction du renseignement parisien (DRPP) aurait rempli cinq jours avant le drame une fiche Gester (Gestion du terrorisme et des extrémismes à potentialité violente), après avoir intercepté plusieurs messages d'Adel Kermiche évoquant une "attaque dans une église" et mentionnant Saint-Etienne-du-Rouvray. Une note qui n'aurait pas été validée par les supérieurs du fonctionnaire.
"Moi je me pose des questions"
La préfecture de police n'a pas tardé à démentir ces informations. Mais une enquête a bien été ouverte par le parquet pour faux et usage de faux, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Si la préfecture admet que l'un de ses agents enquêtait sur Adel Kermiche, l'un des deux assaillants lié au terrorisme islamiste, elle affirme qu'il n'y avait pas d'urgence à traiter cette information.
Une incompréhension pour maître Mehana Mouhou, l'avocat de paroissiens présents à l’église le jour du drame:
"Comment peut-on raisonner de cette façon dans la mesure où quand un fonctionnaire de police sait que quelqu’un a un bracelet électronique et qu’il appelle au jihad, la moindre des choses c’est qu’il doit savoir qu’il est lié à une association de malfaiteurs terroristes", s'insurge-t-il.
Avant d'expliquer: "Le fonctionnaire doit immédiatement saisir le juge d’instruction qui l’avait mis sous contrôle judiciaire avec bracelet pour révoquer ce contrôle judiciaire. Il aurait alors été incarcéré le 22 juillet 2016, et il ne se serait certainement rien passé du tout le 26. Quand la préfecture nous dit qu’il n’y a pas urgence moi je me pose des questions".