Soupçons de soumission chimique: Joël Guerriau veut revenir au Sénat, Gérard Larcher s'y oppose

Une tentative de retour, en plein procès des viols de Mazan, qui fait tache. Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué une collège députée pour l'agresser sexuellement, a rendez-vous avec le président du Sénat Gérard Larcher. Mis en examen en novembre pour "administration à l'insu de la députée Sandrine Josso d'une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle", Joël Guerriau veut plaider sa cause pour un possible retour dans l'hémicycle.
Un combat visiblement perdu d'avance, alors que Gérard Larcher a assuré ce mercredi sur France Inter que "sa place n'est plus au Sénat" et qu'il allait lui demander de démissionner. "Ce qui est présumé est un acte insupportable, inqualifiable et je comprends l'émotion de mes collègues sénatrices et sénateurs", a ajouté le président du Sénat. Seul le Conseil constitutionnel, après une décision de justice, peut démettre un parlementaire de son mandat.
Un éventuel retour qui pourrait être perturbé
Son éventuel retour risque de perturber les débats au Sénat. Déjà, l'ex-ministre socialiste des Droits des femmes et sénatrice Laurence Rossignol a prévenu que de "nombreux" parlementaires refuseront "de siéger avec un élu soupçonné avoir drogué une collègue".
"Je ne sais pas ce qu'on veut encore examiner sur le cas ce sénateur mais je n'aimerais pas être représentée par ce monsieur", tonne ce mercredi sur le plateau des Grandes Gueules Joëlle Dago-Serry. "Si demain, tous les sénateurs se lèvent à chaque fois qu'il est présent, cela paralysera la chambre", note de son côté le restaurateur Stéphane Manigold sur RMC et RMC Story.
Le sénateur interrogé sur ses recherches suspectes
Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué la députée Sandrine Josso afin de l'agresser sexuellement, a également été interrogé mardi, notamment sur des recherches suspectes retrouvées dans son téléphone.
"Drogue et viol", "effets de l'ecstasy GHB" (gamma-hydroxybutyrate, surnommé drogue du violeur", ndlr), "GHB effets lendemain", "point de vente GHB"... L'expertise du téléphone de Joel Guerriau a révélé que le sénateur avait recherché sur Google des informations autour du viol et des drogues, le 9 octobre, un peu plus d'un mois avant les faits dénoncés par Sandrine Josso.
C'était la première fois qu'il était interrogé sur le fond depuis sa mise en examen le 17 novembre 2023. Joel Guerriau a été entendu pendant plusieurs heures sur cette affaire qui a mis en lumière le fléau de la soumission chimique jusque dans les hautes sphères des élus politiques.
Sandrine Josso "terrorisée" le soir des faits
Pour rappel, la députée avait raconté en mars aux juges d'instruction avoir été invitée chez Joel Guerriau pour célébrer la réélection de son "ami politique" qui l'a incitée à "boire vite" et a adopté un "comportement bizarre", éteignant et rallumant plusieurs fois la lumière. Lui avait expliqué en garde à vue avoir fait un "tour de magie".
D'après un rapport policier, datant de juillet et dont l'AFP a eu connaissance mercredi, elle présentait 388 ng/ml d'ecstasy dans le sang en sortant de chez Joel Guerriau - une dose bien supérieure à la quantité dite récréative. L'analyse montrait aussi une absence totale de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé le soir des faits.
Prise de "sortes de décharges" dans le coeur, Sandrine Josso dit avoir vu Joel Guerriau avec "un sachet blanc dans la main". "Terrorisée", elle avait alors commandé un taxi, sans qu'il n'y ait eu de contact physique avec le sénateur.
Lors de sa garde à vue, il avait argué d'épreuves personnelles, dont la mort de son chat et la maladie d'un proche, qui l'auraient incité à se procurer un "euphorisant" auprès d'un autre sénateur. "Il est possible qu'il y en ait eu au fond du verre que je lui ai servi", avait-il avancé, évoquant une "erreur de manipulation" des coupes de champagne.