"Toujours positive, spontanée": des proches de l'enseignante qui s'est suicidée témoignent de leur choc

Harcelée, une enseignante s’est suicidée le jour de la rentée. Caroline Grandjean, 42 ans, directrice d’école et institutrice dans une classe à niveaux-multiples dans le Cantal, était victime d’insultes et de menaces homophobes depuis 2 ans. Louise et Bernadette, deux proches de l’enseignante, font part à RMC de leur choc après ce drame.
Louise, institutrice, l'a rencontrée en formation il y a plus de 20 ans et n'a "jamais perdu contact depuis". Elle tient à souligner la mentalité de battante de Caroline.
"Elle était pétillante, c'était la joie de vivre, une boute-en-train, qui voulait mettre l'ambiance, toujours positive, spontanée...", salue-t-elle
Bernadette, autre proche de Caroline, "encaisse très mal" son décès et dépeint également une personne "hyper-généreuse", assurant que son métier d'institutrice était "vraiment tout pour elle". "Elle était ravie d’avoir une classe à niveaux-multiples et d’être la directrice de l’école. Elle a passé des années fabuleuses", assure-t-elle.
"Elle voulait cette proximité, elle voulait former une espèce de famille"
Louise dresse le même constrat: "Elle a toujours fait le choix de travailler dans des petites écoles, dans des petits villages. Elle voulait cette proximité, elle voulait former une espèce de famille".
Elle tente ainsi de comprendre pourquoi Caroline est passée à l'acte: "Je pense que vraiment elle n'en pouvait plus, car elle a toujours relevé les défis, elle ne s'est jamais défilée. On lui avait proposé des postes compliqués et elle n'a jamais laissé tomber. Elle était passionnée, elle donnait tout."
"Donc là, pour qu'elle laisse tomber...", sous-entend-t-elle.
Elle note que Caroline donnait de moins en moins de nouvelles de l'affaire. "J'avais pris le parti de ne pas trop la relancer sur ce sujet...", poursuit Louise. "J'essayais de lui parler d'autres sujets. Elle a nous avait dit que la rentrée serait bien plus difficile chez elle que pour nous, deux-trois jours avant."
"Elle s'est sentie abandonnée, c'est indéniable"
Louise confirme que Caroline "vivait très mal" cette situation. "Elle s'est sentie abandonnée, c'est indéniable. Quand on lui en parlait elle trouvait qu'elle n'était pas soutenue. Par un peu tout le monde. Elle a attendu de la bienveillance qu'elle n'a pas reçue à la hauteur de ce qu'elle attendait je pense."
"Elle avait le soutien de sa femme, de sa famille, de notre groupe de discussion d'instits, et au-delà, pas grand chose", note-t-elle.
L'Education nationale a-t-elle les moyens de protéger les profs?
Bernadette ne comprend toujours pas ce manque de soutien: "Ce n’est pas possible, comment peut-on en arriver là? Comment les autorités, l’Education nationale ont pu rester passives?".
"On a l'impression qu'il y a dans l'Education nationale beaucoup de drames, beaucoup d'appels au secours et après il n'y a pas grand-chose qui se passe en fait. Ont-ils les moyens de faire (quelque chose)? Je m'interroge vraiment", lance de son côté Louise.
"Le corbeau n’a pas été retrouvé, jamais inquiété et je pense que c’est ça qui l’a tuée"
Bernadette pointe un "dramatique" constat sur l’homophobie en France. "Elle n’a pas été écoutée, même par la police, rien n’a bougé. Le corbeau n’a pas été retrouvé, jamais inquiété et je pense que c’est ça qui l’a tuée", juge-t-elle. Les deux proches espèrent maintenant que le "combat" contre l'homophobie va se poursuivre pour "éveiller les consciences".