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Tuerie des Plantiers: procès aux assises de Valentin Marcone, le “forcené des Cévennes”

Cette photographie prise le 18 janvier 2024 montre l'entrée de la scierie où Luc Teissonnière et Martial Guérin ont été tués par leur collègue de travail Valentin Marcone le 11 mai 2021, dans la petite communauté des Plantiers, dans le sud de la France, le 18 janvier 2021. Le procès débutera le 24 janvier 2024 à Nîmes.

Cette photographie prise le 18 janvier 2024 montre l'entrée de la scierie où Luc Teissonnière et Martial Guérin ont été tués par leur collègue de travail Valentin Marcone le 11 mai 2021, dans la petite communauté des Plantiers, dans le sud de la France, le 18 janvier 2021. Le procès débutera le 24 janvier 2024 à Nîmes. - Pascal GUYOT / AFP

Le procès de Valentin Marcone, accusé d'un double assassinat à la scierie des Plantiers, dans le Gard, le 11 mai 2021, débute ce mercredi 24 janvier aux assises à Nîmes. Retour sur cette sordide histoire.

Le 11 mai 2021, Valentin Marcone arrive au travail, à la scierie des Plantiers, au coeur des Cévennes. Une simple remarque et il abat son patron, puis un autre collègue. Un double meurtre pour lequel ce trentenaire sera jugé de mercredi 24 janvier 2024 à lundi.

Coup de folie, crime prémédité ? Les enquêteurs ont retenu la seconde hypothèse et c'est pour assassinats que va comparaître devant la cour d'assises du Gard, à Nîmes, où il risque la perpétuité, cet homme décrit comme un "loup solitaire".

Valentin Marcone, meurtrier présumé de deux personnes dans une scierie du massif des Cévennes
Valentin Marcone, meurtrier présumé de deux personnes dans une scierie du massif des Cévennes © BFMTV / Capture d'écran

"On sait qu'il est coupable"

Trois ans après les faits, les familles touchées par ce drame vivent toujours aux Plantiers, village de 250 habitants accroché aux flancs du Mont Aigoual. Et quand Fiona Cavalier, veuve de l'ancien patron, croise Blandine Court, l'épouse du meurtrier, elles ne se parlent pas, mais se sourient et se saluent de la tête.

Nichée en contrebas du hameau, la "Scierie Teissonnière" est toujours là. "Provisoirement fermée", indiquait en fin de semaine dernière une feuille punaisée sur le portail. En haut d'un chemin de gravier, le hangar abrite plusieurs lignes de sciage et des planches en châtaigner, la spécialité de l'établissement fondé en 1992 par Luc Teissonnière et désormais en attente d'un repreneur.

Luc, enfant de la région, passionné par la forêt et le travail du bois, avait 54 ans. Son épouse, qui avait momentanément repris la gérance de la scierie, n'attend rien du procès. Tout cela "ne va pas changer grand-chose" puisque sa vie a déjà "basculé", il y a trois ans:

"On sait qu'il est coupable et qu'il fera sans doute appel de la peine, voilà", expliquait-elle à l'AFP, à quelques jours de l'audience.

Préparatrice en pharmacie, mère de deux grands enfants, elle ne se voit pas vivre ailleurs qu'aux Plantiers, fief protestant et berceau de sa famille:

"Les Huguenots ont l'habitude de vivre aux côtés de leurs morts".

Au procès "de Marcone", dont elle ne cite jamais le prénom, Fiona sera aux côtés de Camille Desort, la compagne de Martial Guérin, l'autre victime, alors âgé de 32 ans. Et de Vincent Amalric, l'autre ouvrier présent ce jour-là, le témoin clef.

"Comportement de type paranoïaque"

À 19 ans, Vincent était le plus jeune à la scierie. "Luc est mort ici, Martial à côté", a expliqué le jeune homme à l'AFP, désignant un endroit sur le sol de l'usine. Le déclencheur ? Une remarque du patron à son salarié, qui n'aurait pas dit bonjour.

"Ensuite, il m'a mis en joue, et c'est sorti tout seul, je lui ait dit: 'Ne me tue pas'. Il m'a répondu, 'Non, non, toi je ne te ferai rien'".

29 ans lors des faits, Valentin Marcone prend la fuite dans la forêt cévenole, lourdement armé et en tenue de camouflage. Cet adepte de chasse et de tir sportif se terre pendant trois jours dans un trou à sangliers, à 600 m du village, traqué par plus de 350 gendarmes, des hélicoptères, des drones et des chiens. "C'est un loup solitaire, (...) il veut jouer à Rambo", avait averti le président des chasseurs des Plantiers.

Si l'accusé a reconnu le double meurtre, il a nié toute préméditation, se présentant en victime qui aurait répondu à une "accumulation de brimades".

Employé de la scierie depuis environ un an, Valentin Marcone était en conflit avec son employeur, notamment sur des questions d'heures supplémentaires, et il avait récemment manifesté "un comportement de type paranoïaque", selon les enquêteurs. Depuis quelques jours l'accusé venait ainsi au travail avec un gilet pare-balles dissimulé sous sa salopette.

"On n'a rien vu venir", se souvient Vincent Amalric, évoquant un collègue pas très sympathique certes mais jamais agressif.

Marié à une fille du village et père d'une fillette d'un an, l'accusé avait été décrit par le procureur d'Alès comme une "personnalité très particulière, très procédurière". Inconnu de la justice pour violence, il avait cependant fait parler de lui avec de multiples procédures visant la mairie, son ex-employeur.

Selon l'expert psychiatre, sa "personnalité sensitive permettrait de caractériser un trouble ayant altéré son discernement et le contrôle de ses actes".

CA avec AFP