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Val-d'Oise: un adolescent de 17 ans poignardé "en plein coeur" à Sarcelles

Voiture de police (ILLUSTRATION)

Voiture de police (ILLUSTRATION) - Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

Un adolescent de 17 ans est mort à Sarcelles mardi après-midi, après avoir été poignardé dans la rue. L'agression par arme blanche s'est produite peu avant 17h, selon les pompiers.

En plein après-midi, un adolescent de 17 ans est mort à Sarcelles (Val-d'Oise) "d'un coup de couteau en plein coeur", relatent ses proches en recevant mercredi les condoléances de la Ville, le maire appellant le gouvernement à ne pas oublier "la prévention" face à une violence "qui se banalise".

"Il est mort sur le parking derrière l'arrêt de bus, en plein jour, devant tout le monde. Vous voyez comme les gens sont devenus fous?". Sans élever la voix, Sofiane, 30 ans, qui se présente comme un cousin de la victime, dit être venu d'un autre département pour soutenir sa famille.

L'agression à l'arme blanche s'est produite mardi peu avant 17h, en face d'un grand centre commercial. La nuit venait de tomber sur le parking quand l'adolescent y a été déclaré mort.

"C'est inconcevable et je condamne la mort de mon neveu"

Selon les premiers éléments de l'enquête, il a été pris à partie par un groupe de voyageurs descendant d'un bus, avant d'être agressé par l'un d'eux qui l'a mortellement poignardé. L'enquête suit notamment la piste d'une rivalité entre jeunes de quartiers différents.

L'adolescent habitait à 100 mètres de l'arrêt de bus, dans un HLM de la cité Chantepie. Sans parler à la presse, les parents y ont reçu toute la journée des visites. Et devant le petit immeuble gris, une tante de la victime a soudain laissé déborder son trop plein de chagrin et de colère.

"Mon neveu de 17 ans a été lâchement assassiné d'un coup de couteau en plein coeur", dit à l'AFP Zakia, 45 ans, expliquant qu'il est issu d'une famille française d'origine algérienne, le grand-père étant arrivé à la fin des années 1950 pour travailler dans le bâtiment.

"C'est arrivé à mon neveu, ça va arriver à un autre. Ca ne sera qu'un Arabe ou un noir mort", lance-t-elle. "Ça aurait été quelqu'un d'une autre communauté, les ministres seraient là, le président serait là, il dirait c'est inconcevable et je condamne. Eh bien moi, je dis: c'est inconcevable et je condamne la mort de mon neveu".

Les réseaux "les matrixent"

Selon sa famille, la mère de la victime voulait absolument quitter le quartier "depuis belle lurette". "Sa maman a tout fait pour lui, vous le savez", lance la tante aux jeunes silencieux, massés devant l'immeuble. "Ces jeunes sont abandonnés par le système. On les a parqués dans des cités, ils sont tous des victimes, mais ils sont trop jeunes pour le comprendre!", assure-t-elle.

Sofiane, le cousin, voit lui dans ce crime une forte influence des réseaux sociaux: "Les jeunes sont prêts à tout pour être vus sur les réseaux sociaux. Ce sont les réseaux qui les matrixent".

"Avant, les rixes, c'était à coups de poing et à coups de bâton. Maintenant c'est à coups de couteau", déplore-t-il.

Sur le parking où le meurtre a eu lieu, un groupe de jeunes est réuni autour d'une voiture. "C'est dur", glisse l'un d'eux, "c'était un mec avec qui on traînait tous les jours, un bon gars". Un autre l'interrompt: "Un frère à nous est mort, on n'a même pas envie de parler".

Le maire PS de Sarcelles, Patrick Haddad, venu dialoguer avec les parents, est sorti sans faire de déclaration. Puis il a publié un communiqué expliquant que cet homicide survenait après les blessures de trois jeunes "la semaine dernière devant une école" et "l'assassinat par balle d'un autre il y a un mois et demi" à 22 ans.

Cette "escalade du meurtre" se produit "souvent sur fond de trafic de drogue, avance le maire, qui promet de "renforcer la lutte contre cette violence" localement. Mais face à "une violence qui se banalise", il "déplore que la prévention soit la grande absente du plan du gouvernement" Barnier pour lutter contre le narcotrafic, pensé selon lui "en dehors de toute politique de la Ville, dont les crédits sont dramatiquement orientés à la baisse".

RMC avec AFP