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Police-Justice

Féminicide à Metz: l'accusé admet avoir mis le feu à l'appartement mais pour toucher "l'assurance"

Voiture de police devant un palais de justice (photo d'illustration)

Voiture de police devant un palais de justice (photo d'illustration) - AFP

Maroof Easakhail, qui avait jusque-là toujours nié avoir mis le feu à l'appartement familial à Metz en 2022, a reconnu avoir déclenché l'incendie expliquant vouloir réaliser une fraude à l'assurance, avec la complicité de sa compagne. Enceinte et gravement brûlée, celle-ci est décédée un mois après les faits, des suites de ses blessures.

Accusé d'avoir tué sa compagne enceinte en allumant un incendie dans l'appartement qu'ils occupaient à Metz en juin 2022, Maroof Easakhail a reconnu jeudi avoir "mis le feu" mais nié avoir eu l'intention de tuer. "Monsieur le président, je vais me libérer aujourd'hui: oui j'ai mis le feu volontairement, mais tuer Anita c'était pas volontaire", a affirmé l'homme de 33 ans, né en Afghanistan.

Il a expliqué avoir orchestré, avec sa compagne âgée de 25 ans, une fraude à l'assurance. "Moi et Anita on a discuté du manque de financements, on a mis le feu à l'appartement, pour toucher l'argent de l'assurance", a-t-il déclaré.

Maroof Easakhail avait jusque-là toujours nié avoir mis le feu à l'appartement familial, où il est également accusé d'avoir piégé sa compagne après s'être ménagé personnellement une "sortie de secours".

La victime est décédée des suites de ses blessures

Enceinte de cinq mois, Anita Gash, grièvement brûlée, avait été secourue, avec beaucoup de difficulté - la porte de l'appartement étant verrouillée - grâce à l'intervention des voisins et des sapeurs-pompiers.

Enceinte de cinq mois, elle a perdu le foetus qu'elle portait le lendemain du drame. Brûlée à plus de 90% au troisième degré, elle est décédée des suites de ses blessures un mois après les faits. Elle n'a jamais pu être entendue.

Dans un document d'enquête dont l'AFP a eu connaissance, l'expert considère que "l'incendie résulte d'une action volontaire humaine". Des "foyers distincts dans différentes pièces" ont été relevés, ainsi qu'un "phénomène d'épandage".

Trois versions différentes de l'accusé

Dans le logement, les enquêteurs ont retrouvé un bidon de cinq litres étiqueté "eau déminéralisée" dont le contenu dégageait une forte odeur d'essence. Maroof Easakhail avait changé trois fois de version au cours de l'instruction. En dernier lieu, il a affirmé s'être couvert d'un drap et avoir sauté par la fenêtre. 

Mais des incohérences ont été constatées entre les diverses versions de l'accusé, contredites par des constatations scientifiques.  Assurant avoir "tout fait pour sauver sa compagne", il ne présentait pour autant aucune traces de brûlure ou de suie. Des voisins ont aussi entendu une femme crier "arrête, arrête", quelques instants avant d'entendre une déflagration et de découvrir la fumée noire de l'incendie.

Violences conjugales et maltraitance infantile

Ils ont évoqué aussi des violences commises sur la victime enceinte et leur enfant de quatre ans, qui n'était pas sur place lors de l'incendie. D'après la famille de la victime, cette dernière souhaitait se séparer de son compagnon, une décision que ce dernier n'acceptait pas.

LM avec AFP