RMC
Police-Justice

Féminicide à Perpignan: 27 ans requis contre un homme accusé d'avoir étranglé sa femme

RMC
L'homme avait indiqué aux enquêteurs avoir été saisi d'"une pulsion ingérable". Sa femme âgée de 26 ans en 2016 avait découvert l'homosexualité de son mari et souhaitait divorcer.

L'avocate générale de la cour d'assises des Pyrénées-Orientales a requis mercredi, 27 ans de réclusion criminelle contre un homme accusé d'avoir frappé et étranglé, en novembre 2016 à Perpignan, sa femme âgée de 26 ans qui avait découvert l'homosexualité de son mari et souhaitait divorcer.

"Les causes sont multiples, l'émancipation de son épouse qui voulait divorcer, mais aussi le fait que si elle partait son homosexualité serait révélée", a requis l'avocate générale Marie-Céline Straub, ajoutant que "l'intention de tuer ne souffre d'aucun doute". L'accusé, Madani Khelouf, âgé de 45 ans et qui est assisté d'un interprète, avait lui-même alerté ses proches après avoir frappé avec une clé à cliquet puis étranglé sa femme.

Mardi, à l'audience, la présidente Sylvie Chamayou a indiqué que les sœurs de cet homme avaient évoqué l'homosexualité de leur frère avec leur belle-sœur. L'une d'elles, aujourd'hui décédée et qui était l'épouse de son amant, avait même précisé que la relation durait "depuis très longtemps". Le beau-frère, n'a lui pas reconnu de véritable relation avec l'accusé, évoquant simplement des "bêtises" sur fond d'alcoolémie "au bled".

121 femmes tuées lors de violences conjugales en 2018

Madani Khelouf avait été interpellé à proximité de l'hôtel de police où il était venu se rendre et avait réitéré ses aveux devant les enquêteurs. Le jour du meurtre, Sabrina avait croisé son époux dans la rue et ils étaient montés à leur domicile où l'homme, de 17 ans son aîné, avait été saisi, a-t-il affirmé aux enquêteurs, d'"une pulsion ingérable".

La victime était née en Algérie et avait rencontré son futur époux par l'intermédiaire d'un membre de sa famille à l'université. Le mariage donnait à la jeune femme l'opportunité de venir en France poursuivre ses études. L'union avait été célébrée en 2012. Mais les liens s'étaient peu à peu distendus, et après le lancement d'une procédure de divorce, la jeune femme était partie vivre dans un foyer.

Ce procès, dont le verdict est attendu mercredi au terme de trois jours d'audiences, intervient près d'une semaine après le "Grenelle des violences conjugales" organisé par le gouvernement pour tenter d'enrayer le fléau des féminicides. En 2018, 121 femmes ont été tuées lors de violences conjugales, selon le décompte officiel du ministère de l'Intérieur.

La rédaction avec AFP