France-Russie au Stade de France: "Revenir sur le lieu de l'effroi et de l'horreur, c'est impossible"

Bley Bilal Mokono fait partie des victimes qui refusent encore de se rendre au Stade de France - AFP
On ne réagit pas tous de la même manière aux événements. Face aux drames aux difficultés certains s'en remettent plus facilement que d'autres. Alors face à des attentats... Ce mardi soir, pour la première fois depuis la sanglante nuit du 13 novembre, l'équipe de France de football retourne au Stade de France. Un moment particulier, qui risque d'être chargé en émotion, que certaines victimes des attentats n'auraient manqué pour rien au monde. Mais pour d'autres, le temps de la reconstruction est plus long.
"Ne pas revivre ces moments difficiles"
C'est le cas par exemple de Bley Bilal Mokono. Blessé à l'épaule droit et sourd de l'oreille gauche par une des explosions du Stade de France, il est encore pour inimaginable pour le moment de retourner voir un match. "Je ne me sens pas encore prêt, confie-t-il à RMC. Je suis passionné par le foot, j'en ai envie, mais la raison l'emporte. Et la raison, c'est de ne pas revivre ces moments difficiles, de ne pas éveiller une situation enfouie dans mon cœur et dans ma tête, de ne pas revivre ces images".
Il l'admet cependant: "Bien sûr qu'il faut que j'y retourne. Quand vous tombez de vélo, la première chose que vous faites c'est de remonter à vélo. Je vais réussir à passer ce cap parce que ça fait partie de la reconstruction. Et surtout cela montrera aussi à mon fils (présent le soir des attentats, ndlr) que nous avons été combatifs, que nous avons repris le dessus". "Mais pas tout de suite, je ne pense pas..."
"Comme paralysé"
Selon Méhana Mouhou, l'avocat de plusieurs victimes des attentats du 13 novembre, dont des blessés du stade de France, beaucoup de ses clients ne sont pas encore prêt à retourner au Stade de France. "Comment on dit, il faut laisser du temps au temps, explique-t-il sur RMC. Certaines victimes sont en miettes, elles n'arrivent pas à avancer. Alors vous imaginez que revenir sur le lieu de l'effroi et de l'horreur, c'est impossible".
"Je connais une force de la nature, 1m95 avec une musculature assez extraordinaire, présente le 13 novembre au Stade de France, à l'intérieur tout est brisé, argumente-t-il encore. Le corps est là mais la tête est complètement ailleurs. Lui, il ne peut pas (retourner au stade, ndlr). Pour l'instant, il est comme paralysé". Et l'avocat de conclure: "Il y a le temps du soin et un autre temps qui permettra d'avancer et pourquoi pas, un jour, de revenir au Stade de France".