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Gérard Lhéritier, le "Madoff des manuscrits", devant la justice

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Gérard Lhéritier, fondateur de la société Aristophil, comparaît à partir d’aujourd’hui pour escroquerie et abus de biens sociaux. L’affaire, qui a fait plus de 30.000 victimes et causé un préjudice estimé à plus d’un milliard d’euros, est l’un des plus grands scandales du marché de l’art en France.

C’est l’un des plus gros scandales financiers du marché de l’art. À partir d’aujourd’hui, Gérard Lhéritier, 78 ans, comparaît pour escroquerie et abus de biens sociaux. L’homme, décrit tour à tour comme flamboyant, tyrannique ou naïf, est au centre d’un dossier tentaculaire: 30.000 victimes, 7.000 parties civiles et un préjudice estimé à plus d’un milliard d’euros.

Le parcours d’un passionné devenu escroc présumé

Fils de plombier originaire de la Meuse, engagé dans l’armée à 17 ans, Gérard Lhéritier se reconvertit ensuite en agent d’assurances. Mais sa véritable passion, ce sont les courriers et manuscrits anciens. Dans les années 1990, il décide d’en faire son métier avec une idée simple: acheter des manuscrits en masse et proposer à des épargnants d’investir. Promesse alléchante : un rendement à 9% par an, quasiment garanti.

Un système à la Madoff

Trop beau pour être vrai. Comme dans une pyramide de Ponzi, les manuscrits sont largement surévalués. Quand les premiers investisseurs réclament leurs dividendes, ils sont payés avec l’argent des nouveaux arrivants. La machine finit par s’effondrer, laissant des milliers de victimes ruinées.

La mise en confiance

Difficile de douter face à un homme au bagout impressionnant et à l’entregent bien rôdé. Aristophil, sa société, emploie une soixantaine de salariés, dont des courtiers très persuasifs. Elle bénéficie aussi de parrains célèbres, à l’image de Patrick Poivre d’Arvor. Les pièces les plus prestigieuses sont même exposées dans un musée installé au cœur de Paris, rue de l’Université. De quoi crédibiliser encore un peu plus le montage.

Le coup de poker à l’Euromillions

Au début des années 2010, tout bascule. Aristophil est déjà en grande difficulté, mais Gérard Lhéritier refuse de freiner. Fidèle à sa réputation flamboyante, il mise… 7 000 euros à l’Euromillions. Et décroche le jackpot : 170 millions d’euros. Quarante millions seront réinvestis dans la société, sans pour autant enrayer la chute. En 2015, la justice ferme Aristophil. Les collections sont revendues aux enchères pour moins de 10 % de leur estimation initiale. Aujourd’hui, celui qui fut surnommé le "Madoff français des lettres" affronte la justice. Derrière l’homme flamboyant, ce sont des milliers de familles qui attendent réparation.

Virginie Phulpin