“Il répondra comme il est": comment l'avocate de Cédric Jubillar l'a préparé avant une journée décisive

C’est une journée cruciale pour Cédric Jubillar, dans le procès pour le meurtre de sa femme Delphine devant les Assises du Tarn. La présidente va interroger l’accusé sur la nuit du 15 au 16 décembre 2020, la nuit de la disparition de Delphine Jubillar.
Pour la journée décisive de ce vendredi, Emmanuelle Franck, l’avocate de Cédric Jubillar, a préparé son client. Elle a demandé à son client d’être lui-même.
“Il répondra comme il est, avec ce qu’il est et il expliquera ce qu’il a fait. Si ça n’ira pas, les uns les autres vont dire qu’il ne le dit pas avec assez de sentiments, s’il ne pleure pas, on va dire qu’il est froid..."
"C’est un personnage. Un personnage qui, à un moment donné, quand on lui pose des questions qu’il estime être absurde, à savoir ‘qu’est-ce que tu as fait de Delphine’, il va répondre par des choses absurdes qu’il va mettre sur le compte de l’humour", assure l'avocate de l'accusé.
"C’est bien où ce n’est pas bien, je n’en sais rien, c’est son personnage. On ne va pas le changer, on n’a pas ce pouvoir-là et on n'en a pas l’envie”, détaille-t-elle.
Mis en cause par une ancienne compagne
Jeudi, la Cour a entendu ses deux anciennes compagnes, Séverine qu’il a connue durant deux mois avant son incarcération, et Jennifer qu’il a rencontré régulièrement au parloir. Cette dernière qui a confirmé que lors d’une visite au parloir Cédric Jubillar lui avait dit qu’il avait tué sa femme.
Ces rencontres aux parloirs entre Jennifer et Cédric Jubillar étaient fréquentes, deux fois par semaine, pendant huit mois. À l’occasion d’une visite, il explique à Jennifer qu’il a étranglé Delphine, et il mine le geste devant cette femme, âgée de 31 ans qui lui demande où se trouve le corps.
Cédric Jubillar lui répond qu’il se trouve à 15 kilomètres de Cagnac-les-Mines. Jennifer raconte également à la Cour qu’un jour Cédric lui a dit que si elle le “trompait, elle finirait à côté de Delphine”. La présidente demande à l’accusé “si tout cela est vrai”? “Non, je n’ai jamais reconnu l'avoir tuée, elle invente complètement”, réplique Cédric Jubillar. “Elle a fait ça pour se venger. Je lui ai demandé d’apporter du shit au parloir, elle a dû se sentir manipulée”, explique-t-il.
Un avocat de la partie civile lui demande si Jennifer est diabolique? “Je n'irais pas jusqu'à dire diabolique, je dirai plutôt… malsaine”, répond Cédric Jubillar.
"Cédric Jubillar ne sort pas d’une posture qui consiste finalement à ne pas nous livrer grand chose"
Invité sur RMC ce vendredi matin, maître Laurent Boguet, qui représente les deux enfants de Cédric Jubillar, a regretté la posture défensive de l'accusé.
“Ce qu’on peut redouter c’est qu’on aborde la dernière ligne droite après trois semaines de procès et le moins que l’on puisse dire c’est que des éléments accablants ont été évoqués et que pour l’heure nous nous heurtons à un phénomène de bunkarisation, c’est-à-dire que Cédric Jubillar ne sort pas d’une posture qui consiste finalement à ne pas nous livrer grand chose", déplore-t-il.
Le verdict est attendu dans tout juste une semaine, le 17 octobre.