Il s'était mutilé et avait dénoncé une fausse agression: prison avec sursis pour l'ancien maire

Le symbole de la justice (illustration). - - Ashraf Shazly / AFP
L'ancien maire de Saint-Côme-du-Mont (Manche) a été condamné mercredi par le tribunal de Coutances à quatre mois de prison avec sursis et 7.500 euros d'amende, pour avoir dénoncé des agressions et mutilations qu'il s'était en fait lui-même infligées.
Absent des débats car hospitalisé, Bernard Denis était jugé pour avoir dénoncé des menaces de mort, des coups de fusil sur sa fourgonnette et des violences avec actes de barbarie qu'il s'était en réalité auto-infligé, ce qu'il reconnaît.
Retrouvé dans un champ
L'affaire avait eu un retentissement national quand, en novembre 2022, l'élu avait été retrouvé dans un champs, les yeux et la bouche couverts de scotch, deux clous dans chaque main et un dans chaque pied.
Cette condamnation reprend les réquisitions du procureur Gauthier Poupeau, qui avait regretté que "l’Etat n’ait pas le droit de recouvrer ses dépenses", à savoir 70.000 euros de frais d'enquête.
"C'est une décision qui correspond en partie à la réalité puisque mon client a lui-même reconnu les faits", a déclaré l'avocate de l'élu, Aline Lebret, regrettant le choix du tribunal de juger Bernard Denis en son absence.
Altération du discernement
Les experts psychiatres ont décrit une altération du discernement de cet ancien maire de la commune déléguée de Carentan-les-Marais (chef-lieu), mais pas d'abolition, raison pour laquelle il a pu être reconnu coupable. "Son manque d’estime est compensé par un besoin d’être reconnu et aimé", a estimé un expert, "se victimiser le protège d'un effondrement".
La première agression, élément déclencheur
L'histoire commence en novembre 2021 avec l'incendie de son garage et deux de ses véhicules, ainsi qu'un tag "le maire soutient Macron, à mort" signé "Zemmour", sur sa maison. La justice n'a pas retrouvé les auteurs de ces faits.
Un acte dont il est "la victime", selon Me Lebret, et qui marque le début du glissement d'un "homme malade": il est alors "sollicité par son député pour communiquer" sur cette affaire, dans un contexte national de violences faites aux élus.
Soutien affiché du président Macron, Bernard Denis, 67 ans, avait porté plainte ensuite pour des courriers de menaces de mort, dont l'écriture, la sienne, sera retrouvée plus tard sur une pancarte lors d'une autre fausse agression.
Premiers aveux puis rétractation
En mai 2022, Bernard Denis s'était dit victime de coups de feu sur son véhicule alors qu'il installait des panneaux de soutien à Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle, avant de reconnaître en être l'auteur, après avoir renoncé à "se tirer une balle" en forêt.
Hospitalisé plusieurs fois en psychiatrie, l'homme avait ensuite été retrouvé le 9 novembre 2022 dans un champs, blessé par des clous aux mains et aux pieds, faisant croire alors à une nouvelle agression et s'était alors retracté sur ses premiers aveux, avant finalement de reconnaître les faits.