Images d'un homme violemment frappé par des policiers à Paris pour "non-port du masque": ce que l'on sait
La scène filmée par des caméras de surveillance font froid dans le dos. Et le récit de nos confrères de Loopsider, qui ont révélé l'affaire encore plus.
Les images publiées jeudi par le site Loopsider montrent un homme appelé "Michel" qui subit une volée de coups assénés par des policiers alors qu'il se trouve à l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris. Selon leur procès-verbal consulté par l'AFP, les policiers ont tenté de l'interpeller pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils.
Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, également consultées par l'AFP, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque. Dans leur rapport, les policiers ont écrit à plusieurs reprises que l'homme les avait frappés. Selon ces mêmes images, "Michel" résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène de lutte dure cinq minutes.
Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l'entrée, provoquant le repli des policiers à l'extérieur et la fermeture de la porte du studio. Les policiers tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l'intérieur du studio une grenade lacrymogène qui enfume la pièce.
"On m'a dit 'sale nègre' plusieurs fois et en me donnant des coups de poing", a dénoncé la victime en venant porter plainte au siège parisien de l'Inspection générale de la police nationale.
D'autres images dévoilées par Loopsider et tournées par des riverains montrent les policiers pointer leurs armes dans la rue et intimer à "Michel" de sortir du studio. Suite à cette interpellation, l'homme a dans un premier temps été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion".
IGPN saisie et suspension des policiers
Ce jeudi après-midi, le procureur de Paris Rémy Heitz a déclaré jeudi qu'il demandait à la "police des polices" d'enquêter "le plus rapidement possible".
"C'est une affaire extrêmement importante à mes yeux et que je suis personnellement depuis samedi", a déclaré le procureur de la République. "J'ai demandé à l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, ndlr) de tout mettre en oeuvre pour que la lumière soit faite le plus rapidement possible" dans cette enquête.
Auparavant, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait demandé la suspension de plusieurs policiers. Quatre policiers ont ainsi été suspendus. le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'il demanderait "la révocation" des policiers mis en cause, "dès que les faits seront établis par la justice". Il les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République".
Cette affaire intervient en pleine polémique sur un projet de loi qui encadre la diffusion des images des forces de l'ordre en opération et après l'évacuation musclée, lundi, d'un camp de migrants au coeur de la capitale, dont RMC vous diffusait les images mardi.