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"Incompétents et lâches": la colère de la mère d’une policière morte dans un exercice dans la Seine

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Dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, la mère d'Amandine, une policière de 27 ans morte noyée dans la Seine en 2018 lors d’un exercice, témoigne. Et fait part de sa colère contre les deux policiers qui encadraient cet exercice et sont poursuivis pour homicide involontaire.

Elle avait 27 ans. Le 5 janvier 2018, Amandine, gardien de la paix, s’est noyée dans la Seine, à Paris, lors d’un exercice de la brigade fluviale. Son corps n’a été retrouvé que trois mois plus tard, le 29 avril 2018, à quelques dizaines de mètres du lieu de la noyade. Deux policiers, le moniteur de plongée et le chef de bord qui commandait le bateau, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Élisabeth Quissac, la mère d'Amandine, témoigne ce jeudi dans "Apolline Matin", sur RMC et RMC Story.

"Elle n’aurait jamais dû plonger parce que la Seine était très haute, le courant était très fort, explique-t-elle. Tout le monde sait que le bras de la Monnaie, entre Notre-Dame et la préfecture, est un endroit hyper dangereux en temps normal. Avec la crue, c’était d’autant plus stupide de faire ce genre d’exercice. Ma fille avait eu son diplôme trois semaines avant. Elle avait fait quelques plongées avec son équipage. Il était bien notifié qu’elle devait être encadrée, parce qu’elle manquait d’assurance. Il fallait qu’elle soit toujours en binôme pour approfondir son métier. Ce qui n’a pas été le cas."

"C’était son rêve, la brigade fluviale, et elle en est morte pour un exercice stupide"

Et Élisabeth Quissac en veut beaucoup aux deux policiers qui encadraient cet exercice. "J’espère qu’ils vont reconnaitre leur incompétence et qu’elle va être reconnue également par la justice, confie la mère d’Amandine. J’attends des sanctions vraiment fortes. Je ne veux plus qu’ils fassent partie de la police. Je ne veux plus qu’ils aient affaire à des gens pour la plongée, je ne veux plus qu’ils exercent, quel que soit le métier, au niveau de la plongée. Je les trouve vraiment incompétents et lâches."

"Pour moi, ils ont été lâches du début à la fin, ajoute-t-elle. Ils n’ont pas réagi comme il fallait. Ils ont été nuls, pour moi. Il n’y a pas de raison qu’ils continuent d’exercer comme ils en avaient envie. Moi, ma fille, c’était son rêve, la brigade fluviale. Elle en est morte, pour un exercice stupide. Elle serait morte en allant chercher quelqu’un en détresse, dans un exercice important, et on m’aurait rendu son corps de suite, je ne sais pas si j’aurais fait un procès, elle serait morte en exercice. Mais là, aller chercher un caillou au fond de l’eau dans des conditions pareilles, je trouve ça vraiment d’une nullité pas possible."

Après la disparition d’Amandine, les recherches n’avaient rien donné dans les heures qui ont suivi. "Le commissaire m’a dit: ‘Elle a disparu mais ne vous en faites pas, il lui reste 1h30 d’autonomie dans sa bouteille d’oxygène’, raconte sa maman. Ils ont cherché mais ils ont été ennuyés par le courant, le froid, la crue… Même eux, les sauveteurs, ont été mis en danger. Ils ont recherché aussi le lendemain mais après, ils ont dit non, ce n’est plus la peine de chercher. Le corps est remonté parce que la Seine avait baissé. Un bateau est passé et avec son hélice, il a accroché la corde qui était attachée à ma fille et dans de la ferraille au fond de l’eau. Le fait d’avoir détaché la corde a fait remonter le corps de ma fille. Elle est remontée quasiment au même endroit que là où elle avait disparu."

"Les policiers ne sont plus dans la brigade fluviale, mais ils sont toujours en exercice"
Me Antoine Vey, avocat de la mère d’Amandine:
"L’enquête, elle est pénale parce qu’on considère que c’est un homicide involontaire. Il y a eu la mise en cause, par le biais d’une mise en examen et d’un renvoi devant le tribunal correctionnel, de deux policiers. Ce qu’on leur reproche principalement, c’est d’avoir exposé Amandine à une plongée qui était complètement dangereuse en réalité, et tout d’un tas de disfonctionnements qui justifient le renvoi vers le tribunal correctionnel. L’information judiciaire a permis de critiquer fortement l’absence de cadre écrit pour ce type d’entrainement, les modalités de recrutement qui font que ce n’était pas forcément des personnes suffisamment entrainées qui ont exposé cette policière à cette situation… On a un procès, on espère qu’il va conduire à une audience publique utile. Au-delà de ce qu’il s’est passé, qui est tragique et met en cause des personnes qui seront probablement sanctionnées, c’est important de comprendre pour que des modifications soient faites pour ce type d’exercice. Les policiers ne sont plus dans la brigade fluviale, mais ils sont toujours en exercice. Le tribunal devra apprécier si leur faute les disqualifie de pouvoir continuer leurs fonctions."

LP