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Interdiction de la vente de mortiers d'artifices: "C'est un aveu de faiblesse de l'Etat"

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Les autorités ont décidé d'interdire la vente de mortiers d'artifices à l'approche du 14-Juillet et après les violentes émeutes qui ont secoué le pays. Une décision qui ne passe pas auprès de certains, qui dénoncent une punition collective.

Avant le 14-Juillet et après de violentes émeutes, le gouvernement veut limiter la vente des mortiers d'artifice. Un décret publié dimanche interdit formellement la vente, le port et le transport d'articles pyrotechniques et artifices de divertissement jusqu'au 15 juillet. Mais il y a la théorie et la pratique. Sur les réseaux sociaux, les ventes se font toujours, a constaté BFMTV. Et dans certains magasins aussi.

Ancien artificier, Alain explique ce mardi aux "Grandes Gueules" comment la commercialisation de mortiers, notamment, s'est facilitée. Il y a 20 ans, quand il devait acheter son matériel, il devait renseigner son numéro de plaque, passer plusieurs sas de sécurité pour rentrer dans l'usine, donner son trajet avec interdiction de faire un détour. Aujourd'hui, il constate qu'on vend des mortiers beaucoup plus facilement, malgré des arrêtés restrictifs pris chaque année quelques jours avant le 14-Juillet.

"Les commerçants et les buralistes sont là pour faire de l'argent. Ils ont un stock et des dépenses derrière, des familles à nourrir et des loyers à payer", explique l'ancien artificier, déplorant le contrôle inexistant, mais comprenant les vendeurs.

Législateurs contre adeptes du laisser-faire

"Il y en a marre qu'on soit interdit de faire quoi que ce soit parce qu'une minorité fait n'importe quoi", peste de son côté Mickaël, directeur commercial d'un gîte en pleine campagne normande et qui ne peut plus acheter d'essence en jerrican pour tondre sa pelouse en raison d'arrêtés.

Même son de cloche pour le patron de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen: "10.000 personnes ont cassé pour 650 millions d'euros et l'Etat interdit les mortiers pour tout le monde sans chercher à comprendre, c'est un aveu de faiblesse", déplore-t-il sur RMC et RMC Story. "C'est devenu plus simple d'acheter une kalachnikov qu'un mortier d'artifice", croit-il même savoir.

A contrario, l'adjoint à la sécurité de la mairie de Paris Nicolas Nordman, appelle à la mise en place d'une législation plus restrictive: "Ce n'est pas un décret pris à quelques jours du 14-Juillet qui va régler le problème. Il faut une législation plus forte pour empêcher totalement la vente", assure-t-il à BFMTV.

"L'interdiction de vente arrive un peu tard", note de son côté l'avocate Marie-Anne Soubré. "Elle a été prise dans la précipitation et dans la panique. Depuis le temps qu'on le sait, on n'aurait pu agir avant", juge-t-elle.

Marquées par les émeutes, face à la crainte du risque d'incendies et par peur d'un effet de reprise des violences, de nombreuses municipalités ont choisi d'annuler leur festivités du 14-Juillet, dont leur feu d'artifice.

G.D.