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Israéliens refoulés d'un parc: le gérant "incapable" d'être antisémite, assure une de ses amies

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"C'est un quiproquo, ce n'est pas possible": une amie du gérant du parc de loisirs, mis en examen samedi après avoir refusé l'accès à des jeunes Israéliens, le défend au micro de RMC. Ce n'est pas un geste antisémiste, "j'en suis certaine", affirme-t-elle.

Le gérant d'un parc de loisirs des Pyrénées-Orientales qui avait refusé l'accès à un groupe de 150 jeunes Israéliens a été mis en examen samedi pour "discrimination fondée sur l'origine, l'ethnie ou la nationalité" et laissé en liberté après 48 heures de garde à vue.

Une amie du gérant, interrogée par RMC, affirme qu'il y a "quiproquo, ce n'est pas possible". Elle habite dans le même village et le connaît depuis plusieurs années. Pour elle, il est impensable que son refus d'accueillir le groupe puisse être teinté d'antisémitisme. "J’en suis certaine, il est incapable d’avoir ces mots. Évidemment que ce serait quelque chose qui dérange. C’est quelqu’un d’agréable, un entrepreneur qui va toujours de l’avant."

Selon le parquet de Perpignan, cette "discrimination" dans le cadre d'un "refus d'un bien ou d'un service dans un lieu accueillant du public ou pour en interdire l'accès" le rend passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.

Présenté devant un juge d'instruction samedi, l'homme de 52 ans, qui était en garde à vue depuis jeudi, jour où il a nié l'accès au groupe d'Israéliens, a assuré que son "refus (...) n'était pas lié à des considérations idéologiques, et invoqué des raisons de sécurité", précise encore le parquet dans un communiqué.

"Raisons de sécurité" et "barrière de la langue"

Selon BFMTV, il a expliqué aux gendarmes avoir vécu l'an dernier une "mauvaise expérience" lors de la venue d'un groupe de jeunes Israéliens qui auraient eu "du mal à appliquer les consignes de sécurité du parc", du fait, selon lui, "de la barrière de la langue". Sur la page Facebook du parc de loisirs, un message posté la veille annonçait une fermeture pour vérifier les installations après le passage d'un orage.

Inconnu de la justice, le gérant du centre de loisirs a été laissé libre à l'issue de son interrogatoire, alors que le parquet avait requis son placement sous contrôle judiciaire. L’enquête doit désormais permettre de vérifier sa version des faits, ainsi que, le cas échéant, d'éventuels dépôts de plaintes et constitutions de parties civiles des jeunes Israéliens.

"Essentiellement des vacanciers étrangers"

Son amie indique auprès de RMC qu’il accueille régulièrement des vacanciers israéliens. "Ça fait des années, et pas seulement des Israéliens. On a essentiellement des vacanciers étrangers. Je trouve les réactions extrêmement violentes. J’aimerais qu’on puisse lui accorder son droit à la présomption d’innocence", regrette-t-elle.

Jeudi soir, après avoir été refusé par ce centre de loisirs de Porté-Puymorens, le groupe de 150 Israéliens, âgés de 8 à 16 ans, "a modifié son planning et s'est rendu, à bord de trois bus, sur un autre site en France, dont la sécurité est assurée par la gendarmerie, sans le moindre incident", avait indiqué le parquet à l'AFP jeudi en fin de journée.

Vendredi, trois gendarmes de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH), s'étaient rendus dans les Pyrénées-Orientales pour assister les enquêteurs de la brigade de recherches de Prades.

"Pas notre conception de la République", fait savoir Bruno Retailleau

Egalement vendredi, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait jugé "grave" la décision du gérant, ajoutant: "J'espère que la justice sera très ferme. On ne peut rien laisser passer", alors que "les actes antisémites sont en train d'exploser". "Ce n'est pas notre conception de la République, ce n'est pas notre conception de la dignité humaine", a-t-il encore déclaré sur BFM TV.

De son côté, la présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en Languedoc-Roussillon, Perla Danan, a aussi déploré auprès de l'AFP "un événement d'une gravité extrême" qu'elle a qualifié d'"antisémite".

"On attend une réponse judiciaire rapide et exemplaire, il faut que ce soit dissuasif, sinon, on ne s'en sortira jamais. Aujourd'hui, à l'université, les étudiants juifs rasent les murs", a ajouté Perla Danan.

"Stupéfaction" du maire

Le maire de Porté-Puymorens, Jean-Philippe Augé, a quant à lui fait part vendredi à Ici Occitanie (ex-France Bleu) de sa "stupéfaction", soulignant que cette commune d'une centaine d'habitants "a toujours été et restera une terre d'accueil, de partage, de fraternité".

Alors que la mairie recevait depuis jeudi, y compris la nuit, de nombreux messages téléphoniques "assez déplacés et assez haineux envers tout le village", Jean-Philippe Augé a tenu à préciser que le parc de loisirs concerné est privé et "n'a aucun lien avec la municipalité".

Célestin Bougère avec Léo Manson