“J’ai été bernée”: plus de 1.000 victimes, 28 millions de préjudice… une vaste escroquerie jugée à Nancy

Un procès très particulier s’ouvre ce lundi 21 octobre à Nancy: l’affaire “Carton rouge”. 850 parties civiles, 500 avocats et plus de 28 millions d’euros de préjudice. L’enquête avait démarré après l'arnaque qu'a subie plusieurs clubs de foot en 2017-2018 (Sochaux, Angers et Toulouse): les malfaiteurs se faisaient passer pour des agents de joueurs et demandaient de changer les coordonnées bancaires.
Mais en creusant, les policiers ont découvert une escroquerie bien plus large, menée par le même réseau, entre la France et Israël. Elle visait des particuliers, qui pensaient acheter des diamants ou des cryptomonnaies.
Entre 2016 et 2018, plus de 1.200 personnes ont été flouées. RMC a pu échanger avec l’une des victimes, arnaquée il y a huit ans.
“Ça semblait particulièrement fiable"
En 2016, Victoire cherche un placement avantageux pour son épargne. Cette ancienne directrice de la fonction publique tombe sur une annonce intéressante: l’investissement dans des diamants. Un homme l’appelle alors pour lui proposer de se lancer:
“Ça semblait particulièrement fiable, explique-t-elle, les diamants étaient calibrés, il y avait tout un tas d’informations, les carats, les couleurs des pierres… La personne que j’avais souvent au téléphone était très professionnelle”.
Convaincue de faire une affaire, Victoire achète 10.000 euros de soi-disant diamants, et elle reçoit vite un premier retour sur investissement. “Ça m’a mis en confiance, et au lieu de cesser cette stupidité, j’ai continué d’acheter”, raconte-t-elle.
En tout, Victoire investit 50.000 euros. Mais après ce premier virement, l'argent attendu n'arrive pas sur son compte, et son conseiller, autrefois si joignable et toujours prêt à lui proposer de nouveaux investissements, ne répond plus. “J’ai fait du droit, je suis quand même quelqu’un d’averti. Mais j’ai été… bernée!”, poursuit la victime.
Quatre semaines de procès
Huit ans après, elle s’en veut toujours. Comme elle, ils sont plus de 800 à avoir été piégés par une trentaine de malfaiteurs, dont 22 comparaissent ce lundi 21 octobre 2024. Pour Gaël Collin, l’avocat de Victoire et d’une centaine de plaignants, c’est un procès hors normes.
“C’est la première fois qu’il y a toute la chaîne, pas juste les petites mains, mais sur une véritable organisation. Avec ce procès, on va pouvoir montrer que les enquêtes sont possibles et qu’on peut aller au bout de ces procédures”, relate-t-il.
Parmi les 25 prévenus, les degrés d'implication sont divers. Cinq d'entre eux sont renvoyés tant pour les escroqueries sur internet que pour celles au préjudice des clubs de foot, un seul uniquement pour les clubs. Une douzaine d'hommes et de femmes sont renvoyés pour "association de malfaiteurs" pour ce procès qui devrait durer un mois.