Jacqueline Sauvage: "Ce n'est pas un cadeau de Hollande, cette grâce lui a été arrachée"

Invitée ce jeudi de Bourdin Direct, la porte-parole d’Osez le féminisme, Raphaëlle Rémy-Leleu, s'est réjouie de la grâce présidentielle accordée la veille à Jacqueline Sauvage, pour laquelle son association s'est mobilisée. "Ça fait du bien de venir pour une bonne nouvelle", a-t-elle d'abord souri. Sans minimiser le rôle du chef de l'État, elle a voulu calmer les hommages au président. "Beaucoup parlent de le remercier, de saluer sa décision. Nous, on salue surtout la mobilisation du comité de soutien, des avocates… Ce n'est pas un cadeau que nous fait François Hollande, il faut aller à l'encontre de cette idée, on lui a arrachée (cette grâce), on s'est mobilisées pour".
"Quand on est battu pendant 47 ans la mort peut arriver à tout moment"
Si Jacqueline Sauvage, qui a abattu son mari après 47 années de violences subies, est sortie de prison, le combat n'en est pas pour autant terminée pour Osez le Féminisme. "Nous militons pour une légitime défense différée, comme cela existe dans le droit canadien". En effet, dans le droit français, la légitime défense n'est prise en compte que si elle est "immédiate". "Nous demandons la reconnaissance d'un danger de mort permanent. Parce que quand on est violée, battue, victime de violence pendant 47 ans, la mort peut arriver à chaque instant, et c'est ça que la justice n'a pas su reconnaître", se désole Raphaëlle Rémy-Leleu.
Pour l'association féministe, au-delà de cette affaire Jacqueline Sauvage, "la question que la société doit se poser, c'est comment un homme peut se comporter en agresseur, violer et violenter sa femme et ses enfants sans qu'aucun service ne s'en rende compte et sans qu'aucune réponse sociale ne puisse être apportée à ça? C'est là-dessus que doit se porter le débat" dorénavant.