Jugés pour avoir tenté de noyer un policier: "J'ai vu la mort de très, très près"

En juillet 2013, Yazid Halil a failli mourir noyé (illustration) - AFP
Le 8 juillet 2013, Yazid Halil, maître-nageur de la police nationale affecté à la plage des Catalans, l'une des plus fréquentées de Marseille, vient en aide à un coup de touristes agressé par une quinzaine de jeunes. Il tente de calmer les choses mais il est alors pris à partie par une trentaine de jeunes qui le frappent et l'immergent jusqu'à la taille. Ses agresseurs lui plongent la tête sous l'eau à plusieurs reprises. C'est un collègue arrivé sur place qui lui sauvera la vie.
"Est-ce qu'ils avaient pour objectif de casser du flic?"
Le procès de quatre de ses agresseurs, mineurs au moment des faits, a lieu ce vendredi devant le tribunal pour enfants au Tribunal de Grande Instance de Marseille. Il s'agit de quatre jeunes, trois hommes et une femme, renvoyés pour violences volontaires en réunion sur personne dépositaire de l'autorité publique. Ils encourent cinq ans d'emprisonnement. Une cinquième personne comparaît aussi pour des menaces proférées un an après les faits alors qu'elle croisait le policier par hasard dans la rue.
Après un arrêt de travail de deux ans, Yazid Halil a repris son activité, il fait de la prévention dans les écoles. Il tente d'alerter les plus jeunes sur les dangers de la drogue, le racket et les risques indéniables liés aux dérives d'internet. Aujourd'hui, il affirme "être dans l'attente de savoir le pourquoi": "Est-ce qu'ils avaient pour objectif de casser du flic?". "Je suis passé à côté de la mort. Je l'ai vue de très, très près. On m'appuyait sur les épaules. On me mettait la tête sous l'eau. Je recevais des coups alors que j'avais la tête maintenue sous l'eau, se souvient-il. C'était très difficile à vivre et c'est encore plus difficile aujourd'hui".
"Il y a la peur, l'angoisse…"
"Pour l'instant, je suis un homme brisé. Ma carrière est brisée, poursuit-il. J'ai repris il y a tout juste un an dans un centre de prévention dans les écoles. Mais je n'ai plus la fibre, je n'ai plus l'envie et pour l'instant je ne peux plus retourner sur le terrain. Il y a la peur, l'angoisse… Les faits me reviennent, tous les soirs… Je me réveille, je ne dors pas… Et il y a encore des séquelles physiques et psychologiques pour lesquelles je suis traité depuis trois ans. Ce n'est pas évident de les supporter, de vivre avec au quotidien".
"Cela fait trois ans que j'attends (ce procès, ndlr) pour enfin pouvoir me reconstruire, souligne encore Yazid Halil. J'attends des explications de la part des jeunes. Je vais les écouter attentivement même si je pense qu'ils ne diront pas grand-chose. J'attends aussi, avec grande impatience, de la justice qu'elle rende un verdict strict et ferme et qu'elle prenne des sanctions, si elles doivent être prises, à la hauteur des faits que j'ai subis en tant que victime".