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L'appellation "steak végétal" autorisée: "Il y a duperie" tacle la présidente du syndicat des bouchers de Paris

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Le Conseil d'Etat a suspendu mercredi un décret du gouvernement pris pendant le dernier salon de l'Agriculture qui interdisait aux fabricants d'alternatives végétales à la viande d'utiliser des mots comme "steak" ou "jambon" pour leurs produits.

Le Conseil d'État a de nouveau suspendu mercredi en urgence un décret du gouvernement interdisant aux fabricants d'alternatives végétales à la viande d'utiliser les mots "steak", "escalope" ou "jambon", au motif notamment "qu'il existe un doute sérieux sur la légalité de cette interdiction". Ce texte avait été publié fin février, pendant le dernier Salon de l'agriculture. Il figure parmi la soixantaine d'engagements pris par le gouvernement pour apaiser la colère des agriculteurs.

Le texte répondait à une revendication de longue date des acteurs de la filière animale, qui estiment que des termes comme "jambon végétal", "saucisse vegan" ou "bacon végétarien" peuvent créer la confusion chez les consommateurs. Le gouvernement avait publié un premier décret en juin 2022, suspendu en référé par le Conseil d'État, puis un second fin février. "Le juge des référés estime qu'il existe un doute sérieux sur la légalité de cette interdiction", explique le Conseil d'État dans un communiqué.

Témoin RMC : Véronique Langlais - 11/04
Témoin RMC : Véronique Langlais - 11/04
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Pour Véronique Langlais, présidente du syndicat des bouchers de Paris, ces fabrications sont une duperie pour les consommateurs: Vous avez des industriels qui copient des choses qui existent déjà comme les steaks hachés, les saucisses, les cordons-bleus, les nuggets, qui sont avec une certaine valeur nutritionnelle. Et où il y a duperie, c’est qu’une maman va acheter ça pour son enfant, va lui donner à manger en pensant que c’est une alternative alors que c’est complètement différent", assure-t-elle ce jeudi sur RMC et RMC Story.

"Si au quotidien on ne donne que des substituts, il y aura un déséquilibre alimentaire. Aujourd’hui, un tiers des enfants de moins 10 ans est carencé en fer. Donc c’est ça qui me dérange", poursuit-elle.

Victoire pour la filière végétale

Elle estime également que ces appellations posent un problème vis-à-vis du prix: "Le végétal, ça peut être une alternative. Mais quand on marque "nuggets de volaille" ou "steak", il y a aussi tromperie pour le prix. Un steak végétal c'est entre 20 et 30 euros le kilo et un steak haché chez votre artisan c'est moins cher. Ça me pose question parce que vous n’avez pas dans l’assiette la même chose. Ce qui me dérange dans ce débat-là, c’est qu’on oppose l’agriculture”, insiste-t-elle.

"C'est une victoire pour la filière du végétal", a réagi de son côté dans un communiqué Happyvore, qui avait contesté le décret avec d'autres sociétés spécialisées (La Vie, Umiami...). “Nos steaks, chipolatas ou encore nos merguez vont donc garder leurs noms, c'est très important pour la pérennité de notre marque", souligne l'entreprise qui vend notamment des préparations à base de protéines de pois et de fèves.

La rédaction avec AFP