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Police-Justice

L’assassinat d’un restaurateur corse résolu grâce aux aveux d’un chef repenti de la Mafia italienne

Marco Raduano, chef de la "Società Foggiana", mafia italienne, a été interpellé en Corse, le 1er février

Marco Raduano, chef de la "Società Foggiana", mafia italienne, a été interpellé en Corse, le 1er février - Europol

En Italie, les aveux d'un chef mafieux repenti ont permis de résoudre le meurtre de Paul-Félix Paoli, restaurateur corse assassiné en 2023. Une enquête en collaboration entre les autorités italienne et françaises, qui relance le débat sur le statut de repenti.

Le statut italien de "collaborateur" de justice, qui a permis à un chef de la mafia d'avouer un crime commis en Corse et de faire tomber des dizaines de personnes, devrait être adopté en France, ont plaidé lundi 16 décembre des procureurs italiens et français à Marseille.

Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, avait invité trois procureurs italiens devant la presse lundi, après l'interpellation, début décembre, de quatre personnes en Corse et 14 en Italie dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Paul-Félix Paoli, un gérant de plage, en août 2023, sur l'île de Beauté.

"S'il était Français, il ne pourrait pas bénéficier du statut de collaborateur "

Arrêté en 2024 en Corse après plusieurs mois de cavale, Marco Raduano, le chef de la Società Foggiana, un groupe mafieux actif dans les Pouilles (sud), a "accepté de collaborer" et avoué aux autorités italiennes être "l'auteur direct" de cet assassinat, a rapporté Nicolas Bessone.

"C'est la première fois qu'un collaborateur de justice étranger reconnaît des faits sur le territoire national", a indiqué Nicolas Bessone, ajoutant: "Si Marco Raduano était Français, il ne pourrait pas à ce jour bénéficier du statut de collaborateur puisque, comme vous le savez, notre législation exclut les auteurs de crimes de sang et les commanditaires du bénéfice de ce statut".

Pour son homologue de Bari, Roberto Rossi, "c'est une erreur d'estimer que la collaboration pour les crimes les plus graves c'est scandaleux: nos collaborateurs sont des outils pour éradiquer la criminalité organisée".

Le procureur national adjoint italien, chargé de la lutte contre la mafia, Michele Prestipino, a renchéri: "rien ne vaut les déclarations d'un collaborateur de justice", parce que "ça nous aide à construire et gagner les procès mais aussi parce que leur existence démontre que les mafias peuvent être battues, ne sont pas invincibles, et qu'il y a la possibilité d'en sortir d'une autre façon que d'être tué".

Statut de "repenti"

Le statut italien de "collaborateur de justice", nom officiel du repenti, créé en 1980, prévoit des réductions de peine en échange d'informations sur un réseau. En France, seuls les trafiquants repentis n'ayant pas de sang sur les mains peuvent bénéficier d'une protection, ce que le gouvernement démissionnaire de Michel Barnier avait dit vouloir changer.

Les procureurs ont aussi indiqué que cette enquête avait révélé des liens, jusqu'ici inconnus, entre les milieux criminels des Pouilles, de Sardaigne et la mafia nationaliste corse.

Marco Raduano a en effet indiqué qu'il avait assassiné Paul-Félix Paoli "dans le cadre d'un échange de services avec des membres de cette mouvance nationaliste corse qui l'avait aidé à s'exfiltrer de Sardaigne et à assurer sa cavale en Corse", a précisé Nicolas Bessone.

Dans le cadre de cette enquête, Marc Furfaro, ex-candidat indépendantiste à la mairie de Lucciana (Haute-Corse), a été arrêté, accusé d'avoir aidé M. Raduano dans sa cavale.

C.A avec AFP