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Police-Justice

"L'ombre de l'affaire Ranucci": le destin tragique et meurtrier de Jean-Baptiste Rambla

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LE PORTRAIT DE POINCA - Jean-Baptiste Rambla est jugé à partir de ce lundi pour meurtre par la Cour d’assises de Haute-Garonne. Enfant, il avait été au cœur d’un terrible fait divers: l’affaire Ranucci.

C'est l’histoire d’un enfant victime, qui est devenu un adulte criminel. Deux fois criminel, l’adulte, et terriblement victime, l’enfant. En juin 1974, il jouait avec sa sœur Marie Dolorès, au pied de leur immeuble à Marseille. Un homme est arrivé et lui a proposé un jeu. Tu pars par là bas et je pars avec ta sœur dans l’autre direction. Cet homme était un ravisseur qui a enlevé puis tué la petite fille de 8 ans.

Jean-Baptiste Rambla avait 7 ans. C’était le seul témoin. Les policiers puis les journalistes vont l'interroger pendant des heures. Quelques jours plus tard. Le corps de l'enfant est retrouvé, un jeune homme est arrêté. Christian Ranucci est présenté à Jean-Baptiste Rambla qui ne le reconnait pas. Mais il avoue puis se rétracte.

Deux ans plus tard, Ranucci est jugé, condamné à mort et guillotiné. Puis encore deux ans plus tard sort le livre de Gilles Perrault, Le pull over rouge qui affirme que Christian Ranucci était sans doute innocent. Jean-Baptiste Ramblas a grandi dans une famille ravagée par ce drame et ses rebondissements.

Son père était violent. C'était un ouvrier boulanger espagnol qui ne s’est jamais remis du meurtre de sa fille et qui n’a pas supporté l'idée que Ranucci puisse être innocent. A la sortie du livre, il est allé le déchirer dans les librairies marseillaises ou le brûler devant le palais de justice. A la sortie du film, il a menacé de mettre des bombes dans les salles de cinéma.

Tout va basculer en 2005

Et le jeune Jean-Baptiste était prié de suivre son père et de penser comme lui. Il l’emmenait manifester au premier rang contre l’abolition de la peine de mort. Triste enfance.

Puis tout va basculer en 2005. Jean-Baptiste qui a alors 38 ans est arrêté pour le meutre de sa patronne. Il reconnaît les faits mais ne les explique pas. Il est condamné à 18 ans de prison. Libéré au bout de 10 ans.

Puis deux ans plus tard, en 2017, il tue de nouveau une jeune femme. Une inconnue, étranglée dans son studio sans raison. De nouveau Jean-Baptiste Rambla reconnaît mais se montre incapable d’expliquer. Si ce n’est pour dire qu’il a la haine. Une haine intacte depuis ses 7 ans.

Il risque désormais la perpétuité. Son père avait assisté à son premier procès. Cette fois, il ne sera pas là, il est mort en 2013.

Nicolas Poincaré (avec J.A.)