Le XIe arrondissement, un an après le 13 novembre: "J'y pense tout le temps mais je ne veux pas partir"

Une riveraine devant la plaque commémorative près du bar-restaurant La Belle Équipe, où 21 personnes ont été tuées par les jihadistes le 13 novembre 2015. - Thomas Samson - AFP
Le Carillon, le Petit Cambodge, La Bonne Bière, le Comptoir Voltaire, La Belle Équipe… et bien sûr le Bataclan. Des plaques commémoratives sur lesquelles sont inscrits les noms des victimes des jihadistes le 13 novembre 2015 ont été dévoilées ce dimanche par François Hollande et la maire de Paris, Anne Hidalgo, à l'occasion de la journée d'hommages un an jour pour jour après les tueries qui ont fait 130 morts. Tous ces lieux sont situés dans le quartier de la République, dans le XIe arrondissement de la capitale, où une cérémonie du souvenir a eu lieu ce dimanche sur le parvis de la mairie d'arrondissement. Aux proches des victimes ou aux rescapés des attentats sont venus se joindre beaucoup d'anonymes et d'habitants du quartier. Un quartier toujours meurtrie, un an après.
"Je contourne toujours l'endroit où j'ai vu ce monsieur au sol"
Colette vit juste au-dessus du Casa Nostra, où 5 personnes ont été tuées. Le soir du 13 novembre 2015, elle a tout vu. Aujourd'hui impossible pour elle de passer devant le restaurant. "Je ne peux pas. Je contourne l'endroit où j'ai vu ce monsieur allongé au sol. Didine, il s'appelait. C'est curieux comme l'émotion est là encore", dit-elle la voix étranglée par un sanglot. Si elle n'a pas souhaité quitter le quartier, certains de ses voisins ont préféré le quitter. "La teinturière, quand j'ai voulu apporter mon linge quelques jours après, elle m'a dit: 'je déménage, tout le monde déménage, on s'en va'. J'ai dit: 'Mais pourquoi vous partez, il faut rester ?'". Mais le besoin était trop fort.
"Nous aussi nous sommes forts, et même plus forts"
Camille, lui aussi est traumatisé par les attentats mais il l'assure, il restera ici quoiqu'il arrive. Cette soirée du 13 novembre, "j'y pense tout le temps. Comment ne pas y penser? Mais J'adore cette rue, j'adore mon petit quartier : rue Faubourg du Temple, rue Bichat, c'est vraiment le cœur névralgique de la vie parisienne". Neji, lui, est retourné à la terrasse du Carillon dès la réouverture. Un acte de résistance pour ce riverain. "Je vais boire quelques petits cafés aux terrasses avec mes cousins. S'ils sont forts (les terroristes), nous aussi nous sommes forts, et même plus forts". Aujourd'hui, comme chaque dimanche, il ira faire le marché rue Alibert, "parce que la vie doit continuer malgré tout".