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Menace sur les centrales nucléaires belges: "Le risque existe aussi de l'intérieur"

La sécurité a été renforcée dans les centrales belges après les attentats de mardi.

La sécurité a été renforcée dans les centrales belges après les attentats de mardi. - Eric Lalmand - Belga - AFP

L'hypothèse d'une attaque jihadiste contre une centrale nucléaire inquiète après les attentats, notamment au niveau européen. La menace est prise au sérieux en Belgique où une dizaine de personnes ont été privées de leur autorisation d'accès à une centrale.

"D'ici cinq ans, ils pourraient prendre le contrôle d'une centrale nucléaire". La mise en garde émane de Gilles de Kerchove, le coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, interrogé par la Libre Belgique samedi. Après les attentats de mardi, la sécurité a été renforcée autour des centrales de Belgique où 140 militaires ont été déployés.

Mais pour Jean-Marc Nollet, député écologiste belge et expert en sûreté nucléaire, ces dispositifs ne sont pas suffisants.

"Ca ne fait que quelques jours que les militaires sont présents sur chacun des sites nucléaires. Ce n'est pas parce que des militaires sont présents que les risques sont pour autant évacués", explique-t-il sur RMC.

Il craint notamment une chute d'avion à laquelle les centrales belges "ne sont pas toutes en mesure de résister". Il évoque particulièrement la centrale de Tihange, entre Liège et Namur.

"Cette centrale nucléaire se situe à quelques kilomètres de la piste de l'aéroport de Bierset. Les centrales sont systématiquement survolées par des avions, y compris et j'ai des photos, du lendemain des attentats du 22 mars", assure-t-il.

Un projet d'attentat dans les centrales?

D'après la presse belge, les terroristes de Bruxelles auraient eu un projet d'attentat contre des centrales nucléaires. Une vidéo, récupérée par les frères El Bakraoui, deux kamikazes de l'attentat de Bruxelles, a été retrouvée par les enquêteurs lors d'une perquisition. Elle montrait la surveillance d'un physicien du Centre d'études nucléaire.

Face à cette inquiétude grandissante, onze personnes travaillant à la centrale nucléaire de Tihange se sont vu retirer leur badge d'accès selon la RTBF.

"Le risque existe aussi de l'intérieur des centrales. Au mois d'août 2014, la centrale de Doel 4, près d'Anvers a été victime d'un sabotage", assure-t-il.

La centrale avait dû être fermée après une perte d'huile de la turbine à vapeur de la centrale. Electrobel, l'exploitant des réacteurs, avait indiqué que cet incident avait été provoqué par une "intervention manuelle volontaire". Une action qui posait la question d'un éventuel sabotage. "20 mois après on ne sait toujours rien sur les mobiles ni sur les auteurs de ce sabotage qui peut être considéré potentiellement comme un attentat", déplore Jean-Marc Nollet.

Vendredi, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a appelé les Etats à "renforcer la sécurité nucléaire", face au risque de terrorisme. 

Carole Blanchard avec Claire Checcaglini