Var: "Il voulait tuer tous les noirs et les arabes", le choc des habitants de Puget-sur-Agens

Un homme de 53 ans, de nationalité française, a tué l'un de ses voisins, de nationalité tunisienne, et en a blessé un autre, de nationalité turque, à Puget-sur-Argens (Var) samedi 31 mai dans la soirée, a indiqué le procureur de Draguignan le lendemain. Le suspect avait posté des vidéos racistes avant et après son passage à l'acte.
L'antenne GIGN d'Orange a été chargée de l'interpellation du suspect, qui avait pris la fuite à bord de son véhicule. Plusieurs armes ont été retrouvées dans son véhicule, "de type pistolet automatique, fusil à pompe et arme de poing", a ajouté le magistrat, Pierre Couttenier.
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi lundi de l'enquête. Le mis en cause est "actuellement en garde à vue", tandis qu'à Puget-sur-Argens, c'est la stupeur.
Idées d'extrême-droite
Devant le salon de coiffure d’Hichem, le Tunisien de 35 ans tué de 5 balles, des bouquets de fleurs commencent à s’amasser. Laurent, ancien militaire, est venu avec son jeune fils et sa compagne en déposer un. Il connaissait le coiffeur depuis 9 ans.
"C'était quelqu'un de vraiment très gentil, qui s'était intégré dans la société et qui faisait des trucs pour la communauté. Comment va-t-on expliquer aux enfants ce qui est arrivé ?", assure-t-il, son fils au bras.
Le suspect avait une volonté de "troubler l'ordre public par la terreur", selon une source proche du dossier. Des vidéos postées par le suspect avant et après son meurtre affichaient clairement un caractère raciste et haineux.
Dans l'une d'elles, il dit prêter allégeance au drapeau français, et sur les réseaux sociaux, cet adepte du tir sportif ne cachait pas non plus son admiration pour Jean-Marie Le Pen.
"Le problème, c'est que les idées de l'extrême droite, une fois qu'elles sont ancrées dans certaines personnes, ça donne ça", continue Laurent. "Si on n'arrive pas à vivre tous ensemble, on fait comment ? On prend tous des armes et on se tire tous dessus ?", interroge-t-il.
C’est à l’écart du centre-ville, dans une zone mixte de locaux commerciaux et d’habitation, que le meurtre a été commis. C’est aussi là qu’habite Laurence depuis quelques mois. Et la personnalité du tireur, qu’elle croisait régulièrement, était connue de tous, selon elle.
"Très raciste. Il voulait tuer les noirs et les arabes (...) il disait ouvertement qu'il ne voulait plus voir les noirs et les arabes ici...", raconte-t-elle. "On va partir, ça craint".
De son côté, la mairie de Puget-sur-Argens appelle à l’apaisement en attendant les conclusions de l’enquête en cours. Lundi soir, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé un crime raciste et prémédité. Il a ajouté que "le racisme en France est un poison qui tue".