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Meurtre de Rose, 5 ans, dans les Vosges: l'adolescent condamné à 20 ans de réclusion, la peine maximale

Des fleurs ont été déposées en hommage à la petite Rose, 5 ans, retrouvée morte à Rambervillers, dans les Vosges, devant chez ses parents, le 26 avril 2023

Des fleurs ont été déposées en hommage à la petite Rose, 5 ans, retrouvée morte à Rambervillers, dans les Vosges, devant chez ses parents, le 26 avril 2023 - Jean-Christophe Verhaegen / AFP

Personnalité "inquiétante" pouvant se rapprocher selon un expert de celui du tueur en série Francis Heaulme: l'adolescent de 16 ans jugé pour le meurtre de Rose, 5 ans, à Rambervillers (Vosges) l'an dernier, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale, ainsi qu'à 20 années de suivi socio-judiciaire.

La peine maximale, soit 20 ans de réclusion criminelle, a été prononcée mercredi contre l'adolescent poursuivi pour le meurtre de Rose, cinq ans, à Rambervillers (Vosges) en avril 2023. Le jeune homme, dont la personnalité "inquiétante" peut le rapprocher, selon un expert, du tueur en série Francis Heaulme, a également écopé de 20 ans de suivi socio-judiciaire, là encore la durée maximale autorisée pour un mineur.

À l'issue de sa détention et pendant 20 ans, il aura notamment interdiction d'entrer en contact avec des mineurs, de paraître dans les Vosges, et obligation de suivre des soins. Cette peine, annoncée publiquement par la présidente après plus d'une heure de délibéré, est conforme aux réquisitions du parquet.

À l'annonce, l'adolescent n'a pas réagi et a répondu favorablement à la question de la présidente du tribunal afin de savoir s'il avait compris sa peine. "Vous avez conscience que ça ne vous rend pas votre fille", a déclaré la présidente à la famille de la fillette, en fin d'audience.

"Malheureusement, entendre une peine maximale pour un mineur, c'est toujours difficile, mais je crois que c'est parfaitement justifié par la gravité et l'atrocité de ces faits, et par la personnalité qui nous a été décrite et ne laisse finalement aucun espoir sur une réinsertion possible du jeune homme", a réagi Virginie Barbosa, avocate de l'association La Voix de l'Enfant.

"Protéger la société"

Les 20 ans de suivi socio-judiciaire sont eux "un minimum que l'on peut faire. Est-ce que ça sera suffisant ? Je l'espère de tout coeur", a-t-elle poursuivi. En tout cas, le parquet a requis "tout ce qu'il est possible de requérir pour protéger la société".

Malgré son jeune âge, le mis en cause âgé de 16 ans a déjà été condamné en mars pour viol et agressions sexuelles sur deux garçons de 11 et 12 ans dans une précédente affaire et il est visé par une plainte pour viol dans un autre dossier. Des faits tous commis en février 2022, un an avant la mort de Rose.

Les expertises psychiatriques, au centre des débats avant les plaidoiries, sont "catastrophiques, inquiétantes", selon Stéphane Giuranna, avocat des parents de la petite fille.

"Quand on pose la question aux experts de savoir s'il y a une once d'optimisme... il n'y en a pas, il n'y a rien", a-t-il poursuivi. "Tous disent de manière unanime qu'il est pervers, sadique, qu'il recommencera. Il n'y a rien à faire. La seule chose à faire c'est le surveiller, l'enfermer. Moi, en tant qu'avocat, j'ai du mal à entendre ça."

"Là, on n'a pas de doute: on sait qu'il va recommencer", a encore déclaré le conseil, se disant "démuni" au bout de deux jours de procès. "La seule chose que l'on peut faire, c'est croiser les doigts pour que ça ne soit pas quelqu'un qu'on connaisse. C'est horrible, c'est effrayant."

Dimension sexuelle

Mardi, un premier psychiatre avait été entendu, "un des seuls" à avoir retenu l'altération du discernement du jeune homme lors des faits. Un point de vue auquel se sont opposés les avocats des parties civiles et qui n'a pas été retenu par le parquet dans ses réquisitions.

D'éventuels "dysfonctionnements" dans le suivi de ce mineur, placé un an en centre éducatif fermé en 2022 pour ensuite être remis à ses parents, ont aussi été débattus, selon Me Barbosa. Le faire passer d'un centre éducatif fermé, ce qui est le plus restrictif pour un mineur, directement à un retour chez ses parents, "ce n'était peut-être pas la meilleure option à retenir", relève Me Collot.

L'adolescent a reconnu avoir voulu tuer la fillette, le 25 avril 2023: il l'avait attirée dans l'appartement de sa mère à Rambervillers au prétexte de lui montrer un chaton. Le corps de l'enfant avait été retrouvé dans un sac-poubelle, dénudée, moins d'une heure après le signalement de sa disparition par ses parents, dans l'appartement appartenant à la mère du suspect.

Le jeune homme a reconnu avoir tué la fillette et selon Me Collot, il a aussi avoué mardi, "qu'il se serait vraisemblablement masturbé après avoir commis le meurtre", "ce qui expliquerait que l'on ait pu retrouver son sperme sur le pull de Rose". La dimension sexuelle de ses actes "est une dimension importante de sa personnalité", estime Me Barbosa.

RMC avec AFP