Mort d'Abou Bakr al-Baghdadi: quel rôle a vraiment joué la fameuse Delta Force américaine?

Ce sont les forces spéciales américaines qui ont abattu le chef  de Daesh, Al Baghdadi. Plus précisément les forces Delta, une unité d’élite de l'armée américaine.

Le principe des forces spéciales c’est d'être secrètes. Les détails de cette opération n’ont donc pas tous été révélés, et ne le seront peut être jamais.

Mais on sait que que les commandos appartenaient effectivement à cette force Delta. Ils disposaient d’un renseignement depuis une quinzaine de jours. Ils ont été transportés de nuit à bord de huit hélicoptères, ce qui veut dire qu’ils étaient environ une centaine de soldats de choc.

On sait qu’ils ont vite pris le contrôle, d’un bâtiment isolé, une sorte de ferme au milieu des oliviers dans un village à 7 km seulement de la frontière Turque. 

Ils ont d’abord tué un certain nombre de défenseurs du chef de Daesh, Ils ont épargné 11 enfants qui se sont rendus puis ils ont poursuivi le chef terroristes dans un tunnel en cul de sac.

Le reste a été raconté par Donald Trump lui même. Baghdadi, “pleurant et gémissant” est arrivé au fond du tunnel. Il était pourchassé par “nos chiens” a dit le président américain et il a fait sauter sa ceinture d’explosif. Provoquant sa mort et celle de trois de ces enfants. 

Les forces spéciales ont ensuite récupéré un certains nombres de documents puis quitté les lieux. Un bombardement aérien a finalement détruit le site. Sur les photos que l’on a pu voir, il ne reste que des ruines.

Cela fait au moins quatre ans que ces forces Delta pourchassent les principaux cadres de Daesh. Ils pourchassent et exécutent le maximum de responsables de l'organisation de l’État Islamique. C’était leur principale mission au nord de l’Irak et de la Syrie… Personne ne peut dire combien de terroristes ils ont tué, mais cela se compte en centaine.

Au départ pourtant, la Force Delta a été créé à la fin des années 70 pour intervenir sur des prises d’otage sur le sol américain. Plus proche du GIGN Français que d’une unité pour combattre à l'étranger.

Mais à peine formée, la force Delta a été chargée de s'occuper de la prise d’otages à l’ambassade américaine en Iran. Première intervention et premier fiasco total. Les hélicoptères se sont écrasés en essayant de se poser près de Téhéran. 8 morts pour les américains. 

Énorme échec aussi, une intervention à Mogadiscio en Somalie pour arrêter un seigneur de guerre. Rien ne va se passer comme prévu. Un hélicoptère blackhawks est abattu. En cherchant à sauver le pilote, 18 soldats américains vont être tués et leur cadavres traînés dans les rues. Un drame donc les américains mettront des années à se remettre. D’ailleurs, ils ne sont plus jamais intervenu en Afrique.

En 2001, les commandos Delta ont aussi été chargés de neutraliser à Kandahar en Afghanistan, le Mollah Omar, le chef spirituel des talibans. Mais le mollah a réussi à s'échapper en mobylette. Encore un Fiasco...

Les succès sont arrivés plus tard. Les forces delta ont retrouvé et tué en 2003 les deux fils de Saddam Hussein. Oudaï et Qoussaï, deux bourreaux…

Ce sont eux aussi qui ont ensuite retrouvé Saddam lui même, caché dans un trou à côté de son village natal. Eux encore, plus récemment qui ont localisé Al Zarqaoui, le chef d’Al Qaïda en Irak qui a été tué par une frappe aérienne. 

Mais c’est bien l'opération de ce week-end, qui marquera l‘histoire de ces commandos Delta. 

Une opération qui ressemble beaucoup celle au cours de laquelle Ben Laden avait été tué au Pakistan. Sauf qu’au Pakistan en mai 2011, c’était l’autre unité d'élite américaine. Les Navy Seal. Les commando de marine, les principaux concurrents des forces delta. 

Mais pour le reste, vous avez raison. Dans les deux cas, ce sont des opérations de forces spéciale héliportées en territoire semi-hostile. Dans les deux cas, l'assaut à lieu à minuit et duré deux heures. 

Ben Laden, au moment de l'assaut, se trouvait avec un de ses fils et n’a rien fait pour essayer de le sauver. Baghdadi était avec trois de ses fils et les a entraîné dans la mort.

Dans les deux cas, le président américain assistait à l’opération en quasi directe depuis la "situation room" de la maison blanche. Grâce aux caméras sur les casques des soldats. Obama en 2011. Trump ce week-end… Trump qui a commenté. “On se croyait dans un film”.

Enfin dans les deux cas, la leçon c’est que les guerres modernes se font de plus en plus avec des forces spéciales, ces soldats d’élites très spécialisés, très bien équipés, surarmée, surentraînés, qui ont la tête et les jambes.

Nicolas Poincaré