Mort d'un homme après une clé d'étranglement: non-lieu pour le policier

Un policier (Photo d'illustration) - AFP
La cour d'appel de Paris a prononcé un non-lieu au bénéfice d'un policier qui avait pratiqué une clé d'étranglement sur un homme décédé lors de son interpellation en 2019 à Drancy (Seine-Saint-Denis), a appris mercredi l'AFP de source judiciaire.
Un juge d'instruction avait initialement renvoyé le fonctionnaire qui a utilisé cette technique controversée, depuis interdite dans la police, devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour homicide involontaire, après la mort de Philippe Ferrières, 36 ans.
Mais la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a "infirmé l'ordonnance" du magistrat "et dit qu'il n'y a lieu à suivre contre lui", dans un arrêt rendu le 4 mars, consulté par l'AFP, confirmant une information du Parisien.
Un pourvoi en cassation a été formé contre cet arrêt par la partie civile. Deux autres policiers mis en examen pour homicide involontaire dans ce dossier ont également bénéficié d'un non-lieu.
"Deux ou trois secondes"
Rongée par "la culpabilité", la compagne de la victime, Karen Levy, a déclaré à l'AFP qu'elle "n'arrive pas à comprendre le non-lieu".
"Je souhaite qu'il y ait un procès pour pouvoir m'exprimer", a-t-elle ajouté.
Le 24 mai 2019 à 0h30, Karen Levy appelle la police, car son compagnon tente de s'introduire à son domicile. Il a bu et jette des cailloux à sa fenêtre. Ce dernier a interdiction d'entrer en contact avec la mère de son fils de sept ans. Sous contrôle judiciaire, il doit comparaître quelques jours plus tard au tribunal pour violences conjugales, selon le parquet de Bobigny.
Quand trois policiers du commissariat de Drancy arrivent sur place, Philippe Ferrières, 1,80 m pour une centaine de kilos, est "en sueur", "excité" et "paraît très speed", décrivent-ils, selon des éléments de l'enquête dont l'AFP avait eu connaissance. L'homme refuse de se laisser interpeller.
Lors du corps à corps qui s'ensuit, le fonctionnaire affirme avoir placé son avant-bras sous le menton et "donné un coup sec" sur le cou, avant de maintenir la position "deux ou trois secondes", jusqu'à ce que l'interpellé lâche: "c'est bon, je me rends".
"J'ai alors relâché la pression", assure le brigadier.
Philippe Ferrières est menotté et placé sur le flanc. Constatant que son pouls est fuyant, un policier le démenotte, le place sur le dos et entame un massage cardiaque. En vain, l'homme est déclaré mort à 2h30. L'autopsie attribuera sa mort à une "asphyxie mécanique par compression cervicale associée à un traumatisme crâno-facial".
L'analyse toxicologique révèlera par ailleurs "que la somme des toxicités de l'alcool et de la cocaïne retrouvés dans le sang de l'homme a pu être à l'origine d'une intoxication aiguë".