Nana a été brûlée à l'acide par son ex-conjoint: "Il m'a massacrée, il m'a mutilée, il m'a détruite"
C'était en août 2016. Nana habite au rez-de-chaussée d'un immeuble à Villeurbanne, toutes les fenêtres sont ouvertes, et son ex-conjoint en profite pour s'introduire dans son salon.
La suite est d'une violence inouïe:
"Je vois son regard noir et je sais que je vais y passer. Il me met deux coups de poing, je titube. Il me met encore deux coups de poing, je tombe au sol, je suis sonnée. Je sens un liquide chaud, je sens ce goût de souffre dans ma bouche, c'est quelque chose chimique donc je suis brûlée au visage, au crâne, au cou à 35% au troisième degré.
Par instinct, je me lève, je vais dans la salle de bain, je m'asperge d'eau froide, ce qui est une erreur. Je hurle, je ne sais plus quoi faire. C'est une douleur insoutenable, je suis figée. Je sors dans l'allée, je vois le regard de ma voisine, je comprends qu'il y a quelque chose qui ne va pas. On m'a confirmé que c'était de l'acide sulfurique".
"C'est le but: briser ma vie sentimentale et de femme"
Cette mère de famille de 48 ans passe 2 mois dans le coma, doit subir plusieurs opérations chirurgicales, perd son emploi. Mais elle estime surtout avoir perdu beaucoup plus: "C'est le but: briser ma vie sentimentale et de femme. Tous les jours, je suis face à cette violence, puisque tous les jours je me regarde dans le miroir. Je sors pour aller à mes rendez-vous médicaux. Pour moi, c'est ça la violence, de subir".
"Il m'a massacrée, il m'a mutilée, il m'a détruite. Aujourd'hui, c'est l'horreur, j'ai tout perdu. Je ne me sens plus femme. J'ai perdu mon boulot, je ne peux plus rencontrer personne. Je vis avec l'allocation adulte handicapé de 860 euros, je vis dans un logement social. Je vis comme je peux. Il a détruit ma vie complète. Je n'ai plus rien. Je survis", a-t-elle aussi raconté ce mardi sur RMC. Elle appréhende la confrontation avec son agresseur: "Ça va être terrible de le voir".
"L'amour, ce n'est pas ça"
Après avoir témoigné à la barre du tribunal, Nana racontera encore son histoire, montrera encore ses blessures, mais cette fois-ci dans les collèges et les lycées de la région:
"J'ai envie de parler aux jeunes filles qui ont 14 ans pour leur expliquer que l'amour ce n'est pas de recevoir un coup de poing, de se faire tirer les cheveux pour rigoler. L'amour, ce n'est pas ça".
Et l'agresseur de Nana, qui avait déjà été condamné pour des violences conjugales, risque jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle et 150.000 euros d'amende. Le verdict est attendu demain soir.