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Neuf balles tirées, légitime défense, absence d'armes à feu: la famille d'un homme tué par un gendarme porte plainte

"Aucune interpellation n'est intervenue": quels sont les éléments des enquêteurs sur la joggeuse retrouvée en Mayenne?

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L'accusation soutient la thèse de la légitime défense. Mais la famille de la victime a déposé plainte pour homicide volontaire, rappelant que soutenant que le défunt n'était pas armé et n'exerçait aucune menace.

La famille d'un homme tué par un gendarme la semaine dernière en Haute-Savoie a porté plainte pour homicide volontaire, contestant la thèse de la légitime défense soutenue par le parquet.

Le 5 juillet à Bossey, commune frontalière avec la Suisse, une société de sécurité signale la présence, jugée suspecte, d'un fourgon et de deux hommes sur un parking. Deux gendarmes se rendent sur place en voiture.

"Quand ils arrivent, ils voient un fourgon avec deux individus autour. L'un d'eux prend la fuite en courant et va se cacher, avant d'être retrouvé quelques heures plus tard", relate la procureure d'Annecy, Véronique Denizot.

L'autre "monte dans le fourgon et va foncer sur le véhicule de gendarmerie, contraignant les gendarmes à se plaquer contre et l'un d'eux à faire feu", ajoute la magistrate. Neuf balles ont été tirées, dont une mortelle pour la victime, âgée de 27 ans.

L'accusation soutient la thèse de la légitime défense. Mais la famille de la victime a déposé plainte pour homicide volontaire, comme l'a révélé le site d'information Le Media.

Le défunt "n'était pas armé, n'allait en aucun cas dans la direction des gendarmes" et n'exerçait aucune menace, considèrent les plaignants, pour qui l'acte du gendarme n'était en rien "absolument nécessaire", ni "proportionné", critères de la légitime défense. "Il ne méritait pas cette mort. Il aurait pu être appréhendé sans violence", juge un frère de la victime, cité par Le Media.

Le gendarme placé sous le statut de témoin assisté 

Deux informations judiciaires ont été ouvertes. L'une porte sur des faits présumés de vol (de motos), d'association de malfaiteurs, de refus d'obtempérer et de tentative d'homicide sur les gendarmes ; l'autre sur les coups de feu et la mort de la victime. L'homme qui avait pris la fuite à pied a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans la première procédure, pour vol et association de malfaiteurs ; dans l'autre, le militaire a été placé sous le statut de témoin assisté.

La légitime défense du gendarme a été retenue au terme d'une reconstitution, à laquelle le suspect du parking, âgé de 22 ans, n'a pas participé. Selon la procureure, "il n'a pas été jugé opportun" de le faire venir car en prenant la fuite, il n'aurait rien vu de la scène, entendant seulement les coups de feu.

L'intéressé, dont Le Media a recueilli le témoignage, affirme le contraire : les détonations l'auraient fait tomber et dans sa chute, il aurait aperçu les gendarmes "à quatre ou cinq mètres" de son ami, "bien à l'écart": "ils ne se sont pas vraiment mis au milieu de la route : il y avait un passage pour partir". Pour le parquet, le fourgon pouvait passer "entre une haie et le véhicule de gendarmerie" mais "la réalité", c'est qu'il en a percuté "la portière avant droite".

L'avocat de la famille, Me Arié Alimi, fustige "une fausse reconstitution qui a pour but de dédouaner le gendarme". "Le principal témoin n'était pas là, alors qu'il a parfaitement vu la scène. Le fourgon a foncé sur la voiture de gendarmerie mais les gendarmes étaient sur le côté, pas sur la trajectoire du fourgon", affirme-t-il.

La rédaction de RMC avec AFP