RMC
Police-Justice

"On a peur que ça reprenne": un mois après les émeutes, les "Gilets roses" maintiennent le dialogue

placeholder video
Un mois après la mort de Nahel et les cinq nuits de révolte, les mères de famille de Corbeil-Essonnes multiplient les maraudes pour maintenir le dialogue avec les jeunes du quartier.

À Corbeil-Essonnes, en région parisienne, les mères de famille du collectif des "Gilets roses" tentent de maintenir le dialogue avec les jeunes du quartier, un mois après la mort de Nahel, le jeune de 17 ans de Nanterre tué par un policier. Dans cette ville, les cinq nuits de révolte, qui en ont découlé, ont fait de nombreux dégâts. Des véhicules et des poids lourds ont été brûlés, et des magasins et La Poste saccagés.

La crainte de nouvelles émeutes

Pour maintenir le dialogue avec les jeunes de leur quartier, les médiatrices des "Gilets roses" multiplient les maraudes. À peine sorties du travail, ces mères de famille, souvent épuisées, rejoignent le groupe, gilets roses sur le dos. Elles arpentent le bitume abimé dans le quartier des Tarterets. "On va vous rajouter dans le groupe", explique l'une d'entre elles, téléphone en main, pour inscrire des jeunes sur une conversation téléphonique.

"Elles veulent nous aider à arrêter tout ça", confie l'un d'eux. Au coeur des discussions, on retrouve les tensions avec la police.

"Ils sont tout le temps contrôlés. Trois, quatre, cinq fois par jour. Ce n'est pas normal", nous confie Fatimata Sy, fondatrice du collectif.

"On est livrées à nous-mêmes"

En venant à leur contact, elles s'assurent qu'ils s'occupent cet été. La fondatrice du collectif se démène pour éviter une nouvelle flambée de violences: "On n'est pas à l'abri d'une reprise. On a peur que ça reprenne. Quand ils nous partagent leurs craintes et leurs émotions, on peut les aider et les orienter par exemple en leur disant ce n'est pas bien, il ne faut pas faire ceci, il faudrait faire comme ça."

"On est livrées à nous-mêmes, l'État ne nous a pas aidées, rien du tout. Nous, on continue quand même parce que c'est notre combat, c'est nos enfants", explique-t-elle.

"On ne va pas lâcher, même sans moyens, on va être sur le terrain", continue Fatiamata Sy. Ces mamans ont l'impression d'être les seules à jouer la carte de l'apaisement, contrairement à l'État qui "fait la sourde oreille" face à la colère des quartiers populaires.

Nicolas Traino avec T.R.C.