Mort de Nahel à Nanterre: ce que l'on sait de l'enquête, à ce stade

Un peu plus d'une semaine après la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par le tir d'un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine), l'enquête avance. Une synthèse du dossier obtenue par l'AFP détaille son état d'avancement. Voici ce que l'on sait.
La fiche d'intervention
La fiche "Pégase" est un résumé de l'intervention d'un ou plusieurs policiers, rédigée par un opérateur de la salle de commandement. Pour cette intervention, elle a été remplie le 27 juin et a pu être consultée par l'AFP. À 8h22 et 45 secondes, il est indiqué: "Le fonctionnaire de police s'est mis à l'avant du véhicule pour le stopper. Le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire".
Mais cette version ne correspond pas à la vidéo d'un témoin qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. La vidéo a également révélé que le policier n'était pas positionné à l'avant du véhicule comme indiqué dans la fiche Pégase mais sur le côté, au niveau de l'aile avant gauche du véhicule conduit par Nahel, lorsqu'il a ouvert le feu.
La vidéo
Cette vidéo, justement, a été analysée par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", en charge de l'enquête. Dans cette dernière, on entend trois voix.
Une première, très probablement celle d'un policier, dit une phrase se terminant par "une balle dans la tête". Une autre dit "Coupe ! Coupe !". Une troisième, possiblement celle de Nahel, répond "Pousse-toi !"
La première voix dit alors: "tu vas prendre une balle dans la tête". Selon l'IPGN, l'auteur de cette phrase pourrait être le policier qui n'a pas tiré. L'autre policier répète "coupe !" C'est à ce moment-là que le coup de feu part.
L'IGPN
Florian M., le policier mis en cause, a été entendu par l'IPGN, d'abord librement, puis sous le régime de la garde à vue. Il a été mis en examen pour homicide volontaire par un juge d'instruction puis écroué.
Lors de son audition, il a indiqué qu'il travaillait pour le neuvième jour de suite. Concernant son tir, il a expliqué qu'il "avait immédiatement pensé que le conducteur allait accélérer alors que pour lui, à cet instant précis, son collègue se trouvait toujours dans l'habitacle", ce qui n'était pas le cas.
"II avait pris la décision d'ouvrir le feu pour éviter qu'il ne renverse quelqu'un ou 'n'embarque' son collègue et alors que lui-même avait été 'un peu poussé' lorsque le conducteur avait accéléré", selon la synthèse du dossier.
"Il indiquait que son objectif initial n'avait pas été de tirer et qu'il n'avait pas voulu viser le haut du corps mais le bas. Enfin, il réfutait avoir tenu des propos contenant les termes 'balle dans la tête' potentiellement audibles sur cet enregistrement vidéo", ajoute le document.
Le second policier
Le second fonctionnaire, qui n'est pas poursuivi à ce stade, a pour sa part indiqué avoir "craint un coup de volant dans leur direction, ce qui les aurait coincés tous les deux contre le mur situé à 40 ou 50 centimètres derrière eux". Il n'a pas pu décrire la position de son collègue au moment du coup de feu, "son attention ayant été focalisée sur le conducteur".
Ce policier a également précisé que seul son bras se trouvait engagé dans l'habitacle du véhicule au moment du coup de feu, et non son corps entier.