"On punit mal et trop tard": la magistrate Béatrice Brugère veut simplifier la justice

Comme le réclament les agriculteurs, certains juges plaident pour une simplification de la justice. C'est le cas de Béatrice Brugère, magistrate secrétaire générale du Syndicat Unité-Magistrats-FO et auteure de Justice: la colère qui monte.
Invitée des "Grandes Gueules" ce mercredi, la magistrate estime que la justice juge "mal". "Aujourd'hui, nous sommes dans une impasse. On ne sait plus punir, on punit mal, on punit trop tard, souvent à contretemps et à contresens", assure-t-elle.
Béatrice Brugère déplore aussi un problème de places de prison. "En France, on ne condamne pas plus que les autres pays européens mais on manque de places de prison et on a tout un système de déconstruction des peines que l’on prononce, parfois même que l'on n'exécute pas", constate la magistrate, qui évoque 41% de condamnés à de la prison ferme qui n'effectuent pas leurs peines.
"Tout un système est remis en question"
"En France, il y a une résistance sur la prison. Ce n’est pas qu’un problème de place, c’est un problème de logiciel d’application des peines. On a quasiment un droit à l’aménagement", ajoute Béatrice Brugère.
Pour elle, ce sont ces peines non effectuées qui contribuent à la défiance des Français envers la justice, alors que 51% d'entre eux assurent ne pas lui faire confiance.
"Ce ne sont pas seulement les citoyens, ce sont aussi les policiers. Il y a une colère qui monte de toute part. C'est tout un système qui est remis en question", assure Béatrice Brugère.
Une montée de la criminalité et de la violence en France?
Pour la magistrate, il y a des postures internes à la magistrature qui nuisent à la justice. Elle évoque le Syndicat de la magistrature, né pendant les événements de mai 68, classé à gauche et qui assumerait "une posture et un engagement sociétal".
"Il y a des prises de positions politiques qui mettent en cause tout le système de la justice. Cette idéologie nous empêche de voir le réel, la montée de la criminalité et de la violence en France", déplore Béatrice Brugère sur RMC et RMC Story.
Choc de simplification
Pour tenter d'améliorer la situation, la magistrate appelle à "un choc de simplification": "Pour faire, il faut défaire et accepter de reprendre la main sur la norme. Il faut mettre des valeurs de loyauté et sanctionner le mensonge", juge-t-elle.
Derrière ce tableau sombre, une seule éclaircie dont la justice se serait bien passée: "Les organisations criminelles font une étude d'impact pour savoir où se déployer avec le moins de risque policier ou pénal et la France a une très bonne note", assure la Béatrice Brugère dans son livre.