"On ne me contrôle jamais": comment le trafic de drogue gangrène aussi les campagnes

Alors que la proposition de loi pour "sortir la France du piège du narcotrafic" est débattue depuis mardi au Sénat, le directeur général de la gendarmerie, Hubert Bonneau, est l'invité exceptionnel d'Apolline Matin sur RMC à 8h30 ce jeudi.
Dans une lettre adressée le 19 janvier à ses troupes, il évoque la lutte contre le trafic de stupéfiants qui concerne également les zones rurales. 79% des communes seraient ainsi concernées par le trafic de drogue en France, selon le rapport de novembre dernier de la Cour des comptes.
Le général Bonneau évoque dans sa missive la lutte contre la criminalité organisée et les narcotrafics avec la création de l'Unité nationale de police judiciaire de la gendarmerie et la nomination du général Sylvain Noyau en tant que préfigurateur de cette nouvelle entité.
"La police ne contrôle pas"
Aucune zone n'est désormais épargnée par le trafic de drogue, comme à Ganges, petite commune de l'Hérault de moins de 4.000 habitants. Croisé dans une ruelle du centre-ville, Nathan explique avoir commencé à dealer surtout du cannabis il y a cinq ans.
“Ça m’est tombé dessus, c’est un collègue qui m’a proposé. Et ça a commencé comme ça”, raconte-t-il au micro de RMC. Aujourd'hui, il gagne environ 500 euros par mois grâce à la drogue. Et ce jeune homme de 25 ans ne compte pas s'arrêter.
“Je ne suis pas très inquiet par rapport à la police. Normalement, ils ne contrôlent pas, même quand ils passent en voiture, ils ne contrôlent pas”, assure Nathan.

Plus loin, Alice vient chercher sa fille au collège. Elle se souvient être tombée sous le charme de cette commune des Cévennes il y a cinq ans: “C’est une belle ville avec des coins magnifiques”. Mais elle ne pensait pas être autant confronté à la drogue. “J’ai été très surprise. À mon époque, il y en avait deja, mais pas aussi librement et exposé comme ça”, dit-elle.
Forte demande de la part des consommateurs
Comme elle, nombreux sont les habitants témoins du trafic dans leur quotidien.
"Ca tourne facilement ici. Comme Carrefour et Auchan il y a même de la concurrence", illustre une riveraine qui assure qu'il y a plusieurs points de deal.
Mais Ganges est loin d'être un cas isolé. Dans les Cévennes, d'autres communes font face aux mêmes problèmes.
“Si le maire d’une commune de 4.000 habitants vous dit qu’il n’a pas de trafic de stupéfiants sur sa commune, c’est qu’il se voile la face. On est en ruralité avec des problèmes urbains. Et parce qu’on est en ruralité, on a moins de moyens”, explique Benoît Host, adjoint à la sécurité de Ganges.
Ce dernier constate que si le deal est aussi présent à la campagne, c'est parce qu'il y a une forte demande de la part des consommateurs, à la recherche de toujours plus de proximité. Une brigade mobile de 6 gendarmes supplémentaires s'installera d'ici octobre 2025 à Ganges.