"Pas fier d'être français aujourd'hui": la colère des familles de victimes du crash Rio-Paris

Airbus et Air France jugés non-coupables dans l'affaire du crash du Rio-Paris de 2009, dont le jugement a été rendu lundi au tribunal de Paris. Les deux entreprises étaient poursuivies pour homicides involontaires. Et à l'annonce du verdict, les familles des victimes ont été choquées. Car si le tribunal a bien jugé que des fautes avaient été commises, aucun lien de causalité "certain" avec l'accident n'a pu être démontré.
Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'était abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage.
"Il n'y avait qu'un terme qui nous intéressait, c'était la condamnation"
La désillusion était lourde pour les parties civiles à la sortie de l'audience. Les yeux rougis, l'air hagard, les familles des victimes ont laissé éclater leur colère.
"Déception et dégoût. On ne demandait pas des peines exemplaires. Il n'y avait qu'un terme qui nous intéressait, c'était la condamnation. Et même pas. La page, on ne la tournera jamais", explique Gilles Lamy, qui a perdu son fils dans le crash.
Un jugement d'autant plus difficile à comprendre pour les parties civiles que le tribunal a bien reconnu des "fautes" des deux compagnies, notamment sur le non remplacement des sondes ayant gelé et entraîné le crash.
"Air France et Airbus sont responsables mais pas coupables. En d'autres termes, non, c'est accident n'est pas dû à la fatalité, oui cet accident aurait pu être évité, non ce n'est pas la faute des pilotes, oui il y a une responsabilité, et c'est ça que je veux qu'on retienne", a lancé Alain Jakubowicz, l'avocat des parties civiles, à la sortie de l'audience.
Si Airbus et Air France sont relaxés sur le plan pénal, la justice condamne les deux entreprises sur le plan civil. Une nouvelle audience en septembre déterminera le montant des dommages et intérêts. Michel Mommayou, qui a perdu sa fille dans le crash, estime que ça ne suffira pas.
"Je suis KO. Mon combat, ce n'était pas l'argent. Je ne me suis jamais battu pour ça. Des euros, ça ne me fera pas revenir ma fille. Ma souffrance sera là toute ma vie. Je regrette qu'ils ne soient pas condamnés. On ne peut pas passer outre comme ça. Cet avion est tombé, il n'est pas tombé pour rien donc il y a eu des fautes", estime-t-il.
"Les pays qui vont écouter le verdict, quelle idée vont-ils se faire de la justice française?"
D'autant que ce jugement était très attendu à travers le monde. "Quatorze ans de combat, quatorze ans pour en arriver là... Je pense aux 32 nationalités représentées dans l'avion. Les pays qui vont écouter le verdict, quelle idée vont-ils se faire de la justice française? Je ne suis pas fier d'être français aujourd'hui", conclut Michel Mommayou.
"La justice française n'est pas sérieuse, elle n'est pas impartiale", a fustigé pour sa part Nelson Marinho, président de l'association des victimes brésiliennes, cité par le quotidien O Globo.