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Peines requises contre Marine Le Pen: "Ne confondons pas les juges et la justice"

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Les réquisitions du parquet contre Marine Le Pen font couler beaucoup d’encre, car la justice est accusée d’être politisée. Pour l’écrivain Arthur Chevallier, dans cette affaire, il ne faut pas confondre les juges avec la justice. C'est son avis tranché ce vendredi sur RMC.

La demande du parquet dans le procès des assistants parlementaires du RN est sévère, c'est vrai, mais elle est légale. Les juges n’écrivent pas la loi, ils l’interprètent. Ils ne peuvent pas inventer des peines qui n’existent pas puisque la loi est votée par le Parlement. Donc si on n’est pas contents, c’est à lui qu’il faut s’adresser.

Entre la justice et le pouvoir, ça n’a jamais été l’amour fou. Quand un homme politique est condamné, c’est simple, ce n'est jamais sa faute. Ce sont toujours les mêmes arguments: les juges s’acharnent, ils ne sont pas dans la vraie vie, ils sont de gauche, etc. En 2004, Alain Juppé est condamné à une peine d’inéligibilité pour les emplois fictifs de la mairie de Paris, mais, bien sûr, ce n'était pas sa faute, c’était celle de Jacques Chirac. Pratique.

Souvenez-vous du procès de Patrick Balkany pour blanchiment de fraude fiscale. Il y en avait quand même pour plus de 10 millions d’euros. Mais il ne s'était pas démonté. Il avait osé déclarer, en pleine audience: “Je n’ai fait qu’aider les autres pendant 35 ans.” Quant à François Fillon, là encore, une comédie pas possible. Ce n'était pas juste, c’était un complot, les juges étaient très méchants, sa femme n’arrêtait pas de travailler… Et lui aussi, condamné. À chaque fois, c’est la même chose: accuser la justice pour ne pas parler des faits.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Les juges ne sont pas la justice - 15/11
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La loi, rien que la loi

Mais d’ailleurs, la justice n’a pas toujours été indépendante du pouvoir, c’est assez récent. Sous l’Ancien Régime, la justice venait du roi. Il était juste par nature. C’était pratique, dès que le roi faisait quelque chose, c’était forcément légal. Dans ces conditions, tant qu’on était avec lui, on était protégés. Et la fonction de juge, c’était un titre qu’on achetait justement au roi et qu’on pouvait transmettre à ses enfants. Bizarrement, ça ne fonctionnait pas si mal.

Et puis au XVIIIe siècle, les juges commencent à être corrompus et donc très impopulaires. La Révolution française arrive, et là, on change tout. Maintenant, la justice doit être indépendante de la politique, c’est ce qu’on appelle la séparation des pouvoirs. Les juges doivent se contenter d’appliquer la loi qui est écrite et votée par les représentants du peuple. La loi, rien que la loi. Le pouvoir politique n’a pas le droit de s’en mêler. Les magistrats sont des professionnels, en fait des techniciens, qui n’ont pas le droit non plus de prendre d’initiatives.

Respecter les règles

Et justement, dans le cas de Marine Le Pen, on les accuse de faire de la politique. Les juges sont politisés, c’est une évidence. Pas parce qu’ils sont méchants, mais parce que n’importe quel individu est politisé. L’indépendance absolue, ça n’existe pas, c’est un fantasme. Cela dit, on n’a encore jamais vu un homme politique condamné avec un dossier vide. Le plus simple, c'est encore de respecter les règles. Si les Français y arrivent, les politiciens devraient pouvoir le faire aussi.

Arthur Chevallier