Piqûres sauvages en boîte de nuit: les plaintes ne cessent d'augmenter
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Depuis la réouverture des boîtes de nuit, le 16 février dernier, les témoignages de jeunes femmes et de jeunes hommes visés par des attaques avec des sereingues remplies de substances inconnues, se multiplient et les plaintes ne cessent d'affluer. Cinq plaintes à Saint-Malo, neuf plaintes à Grenoble, 15 plaintes à Rennes, 45 signalements à Nantes, 14 plaintes à Béziers.
La justice a ouvert plusieurs enquêtes. Objectif: retrouver les auteurs de ces piqûres et comprendre ce qui reste un mystère pour les autorités: les motivations de ce phénomène nouveau qui prend de l’ampleur.
Mais il n’y a pas qu’en discothèque que des piqûres ont été signalées. Deux adolescents de 17 ans disent avoir été piqués lors d’un concert de rap à Lyon, le 22 avril dernier. Le lendemain, neuf autres cas de piqûres ont été signalés, dans le Cher, lors du festival du Printemps de Bourges.
Est-ce que c'est grave ?
Certaines vicitmes ne se sont pas rendu compte qu’elles avaient été piquées sur le moment. Ce n’est que plus tard, en découvrant une trace inexpliquée sur leur corps qu’elles ont pensé à une piqûre. Un petit point rouge entouré d’un hématome souvent sur le bras, l’épaule ou la cuisse.
Mais de nombreuses victimes affirment aussi avoir ressenti des effets immédiatement ou dans les heures qui ont suivi l’injection : avec maux de tête, nausées, et parfois même pertes de connaissance. C’est le cas de Laly Le Caër, une étudiante de 24 ans, qui a constaté une piqûre sur son bras le 28 février dernier, après une sortie en boîte de nuit à Nantes.
"D'un coup j'ai senti un mal de tête et un mal de bras sans raison apparente. Le dimanche qui suivait, j'ai vu un gros bleu avec une trace rouge au milieu du bleu. J'étais encore mal avec une grosse migraine et mal au bras."
Depuis Laly le Caër a porté plainte. Elle n'a en revanche pas réalisé des analyses pour savoir si elle avait été droguée car elle s'en est rendu compte trop tard.
Un mystère autour du produit injecté
Pour l'instant, les analyses ne permettent pas vraiment aux enquêteurs d’en savoir plus. Il y a un mystère autour du produit qui est injecté. Aucun des prélèvements qui ont été effectués jusqu’ici ne révèlent la présence de produits toxiques. La principale raison, c’est que les analyses sont souvent faites trop tard pour détecter le GHB par exemple, qui disparaît au bout de six à huit heures dans le sang et huit à douze heures dans les urines.
Ensuite, personne n’a encore été interpellé. Plusieurs sources policières nous expliquent que les enquêtes sont très compliquées à mener. Il faut bien comprendre que ces piqûres elles sont faites dans des lieux bondés. Donc même s’il y a des caméras de vidéosurveillance, c’est très difficile de voir le geste.
Et puis il y a une autre inconnue: ces piqûres elles ne sont suivies d’aucune agression sexuelle. Seul un vol, sur les dizaines de plaintes déposées, a été rapporté. Donc on ne comprend pas les motivations de ces injections.
Psychose dans le monde de la nuit
Cette enchaînement d'événements entraîne une certaine psychose dans le monde de la nuit. Mais une source policière nous rappelle que même s'il faut rester prudent, il n'y a pas "d'épidémie de piqûres". Selon cette même source, il y a aussi un effet grossissant avec la médiatisation.
Dans cette ambiance de psychose, certains clients de boîtes de nuit pensent avoir été piqués alors qu’en fait il s’agit simplement d’une égratignure. Et dans le même temps, il y en a qui s’amusent de cette situation pour faire peur.
C’est ce que constate Christian Jouny, délégué général du Syndicat national des discothèques:
"Des petits malins s’amusent à piquer les gens avec des cure-dents ou des pointes de compas. Ça crée la psychose. Mais on prend quand même le sujet très au sérieux et on a renforcé nos systèmes de surveillance … fouilles, caméras, vigiles sur les pistes de danse,..."
A l’approche de l’été, les responsables des festivals prévoient eux aussi de renforcer leur surveillance. Mais ils sont un peu démunis parce qu’une seringue, ça reste très facile à dissimuler.
Que faire si on pense avoir été piqué?
En cas de piqure présumée, le ministère de l’Intérieur recommande de se rendre le plus rapidement possible dans un commissariat pour déposer plainte et effectuer des prélèvements toxicologiques. C’est important parce que les traces de certaines substances, comme le GHB, disparaissent vite.
En revanche, si la victime ne souhaite pas déposer plainte, elle doit quand même aller dans un service d’urgences dans les 48 heures. Sans tomber dans la psychose, il est recommandé de suivre, par prévention, un traitement anti-hépatique et contre le VIH afin de ne pas déclarer le virus du sida. On ne sait jamais, la seringue peut avoir été utilisée plusieurs fois et notamment sur une personne infectée.