Policiers dans la rue contre la "haine anti-flics": "On n'est pas là pour servir de chair à canon"

Ce mercredi, les policiers vont manifester pour dénoncer la "haine anti-flic", après deux mois émaillés d'affrontements en marge de la mobilisation contre la loi Travail. Car, depuis le début du mouvement, plus de 300 policiers et gendarmes ont été blessés lors de manifestation. A Paris, la manifestation se tiendra place de la République, à Paris, entre 12h et 14h. Un choix symbolique: c'est en effet là que le mouvement "Nuit debout" se rassemble avec, parfois, des violences entre la police et les manifestants.
Pour tenter de comprendre, le travail des policiers dans les manifestations contre la loi Travail, RMC a suivi la manifestation de mardi avec Yohann Cavallero, CRS depuis 14 ans et délégué du syndicat policier Alliance. Hier, avec de nombreux collègues, il se trouvait en tête du cortège parisien en lieu et place des syndicats. "Ce n'est pas une provocation, assure-t-il. Mes collègues sont là pour essayer d'assurer la sécurité des personnes, d'être réactifs en cas d'incidents. C'est le travail quotidien des forces de l'ordre".
"A force, c'est usant"
Quelques centaines de mètres plus loin, la tension monte entre des manifestants et forces de l'ordre. Les insultes, les slogans anti-policiers couvrent ceux contre la loi travail. "Tout le monde déteste la police", ce slogan, et bien d'autres, rythme depuis plusieurs semaines les manifestations. "Il faut faire avec", relativise Yohann Cavallero avant d'admettre: "Si nous restons dignes par rapport à cela, à force, c'est usant"
Au fil du cortège, à l'approche du point final de la manifestation, la situation dégénère de plus en plus. Très vite, l'ordre est donné aux CRS de répondre par des tirs massifs de gaz lacrymogènes. Des policiers sont pris pour cible. La place Denfert-Rochereau est rapidement noyée sous un épais nuage de fumée blanche. Ce qui désespère Yohann Cavallero, qui assure que ses collègues policiers ne peuvent plus supporter ces situations.
82% des Français ont bonne opinion de la police
"On dit stop. On a plus de 300 collègues blessés depuis le début. Il y a un ras-le-bol général. On n'est pas là pour servir de chair à canon". Et pour exprimer cette colère, des CRS seront présents ce mercredi place de la République. Un ras-le-bol compris par Michel Cadot, le préfet de police de Paris. "Les policiers sont lassés des critiques subies alors même que depuis plus de deux mois ils gèrent une situation de tension extrême avec une forte retenue dans l'emploi de la force".
Et de tirer la sonnette d'alarme en vue de l'Euro 2016: "Les policiers sont peut-être tendus et ils savent qu'à partir de début juin nous devrons être mobilisés entièrement sur, ce qui est sans doute le défi principal, la sécurisation de l'Euro. C'est un véritable défi qui va mobiliser jour et nuit les forces de police". A noter que selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié mardi, 82% des Français ont une bonne opinion de la police. Et plus de 9 Français sur 10 affirment comprendre le "ras-le-bol" des policiers, entre état d'urgence, menace d'attentats, mouvement Nuit debout et manifestations contre la loi Travail.