Policiers en arrêts-maladies: "Nous ne voulons pas être en-dessous de la loi", témoigne l'un d'eux

Dans les Bouches-du-Rhône, les arrêts-maladie se multiplient chez les policiers. Les fonctionnaires protestent contre le placement en détention provisoire de l'un de leurs collègues, soupçonné de violences en réunion sur un jeune laissé pour mort lors des émeutes à Marseille.
Une décision qui provoque l'ire des plus hautes instances de la police. Le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux a estimé qu'un policier n'avait pas à être incarcéré avant son procès, provoquant un tollé dans les rangs des magistrats et des procureurs.
Dans ces conditions, donc, des policiers ne veulent plus travailler: "Je suis en arrêt depuis cinq jours parce qu'il faut dire stop à ce qui arrive à notre collègue", explique Paul, policier qui travaille à Marseille, dans "Les Grandes Gueules" ce mardi sur RMC et RMC Story
"On trouve inacceptable le traitement de la justice. La justice est très souvent lente et très souvent clémente, mais dès qu'il s'agit de membres de forces de l'ordre, la justice va vite et tape fort", assure Paul.
"Nous sommes jugés sur une vidéo de 10-20 secondes"
"Nous ne voulons pas être au-dessus de la loi mais nous ne voulons pas non plus être en-dessous de la loi", poursuit-il, évoquant des décisions de justice motivées par l'opinion publique et la diffusion de vidéos notamment. "A chaque fois, nous sommes jugés sur une vidéo de 10-20 secondes qui rentre dans le cadre d'une intervention qui dure depuis 5-10 minutes", ajoute le policier qui appelle à respecter la présomption d'innocence des fonctionnaires.
"Si vous êtes Français et attaché à la séparation des pouvoirs de Montesquieu, vous ne pouvez qu'être choqués par les propos du directeur général de la police nationale", tacle de son côté l'avocat Olivier Pardo dans "Les Grandes Gueules".
"Il y a un malaise terrible de la police et on ne peut que comprendre l'émotion", nuance-t-il dans la foulée, avant d'évoquer ses réserves quant à la détention provisoire. "C'est un pré-jugement et un policier en danger, parce que même dans un quartier réservé de la prison, c'est un policier en danger", rappelle Olivier Pardo.
Dans ces conditions, l'avocat comprend que les policiers se fassent "porter pâle" et déposent des arrêts-maladies, le droit de grève ne leur étant pas autorisés.