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Le patron de la police fait polémique sur la détention provisoire: "Il est faible" juge Charles Consigny

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Alors que le patron de la police nationale juge abusif le placement en détention provisoire d'un policier marseillais accusé de violence, Charles Consigny estime que c'est un aveu de faiblesse, un supérieur hiérarchique devant demander le meilleur à ses troupes.

Les propos du directeur de la police nationale font polémique. Frédéric Veaux a estimé qu'un policier coupable d'un manquement ne devait pas avoir à faire de prison avant son procès, après le placement en détention provisoire d'un fonctionnaire marseillais soupçonné de violence en réunion lors des émeutes début juillet dans la cité phocéenne.

"Le savoir en prison m'empêche de dormir. (...) Lorsqu’un policier est dans l’exercice de sa mission, on doit admettre qu’il peut commettre des erreurs d’appréciation. Dans ce type d’affaires, le placement sous mandat de dépôt n’est pas la solution. Avant un procès, un policier n'a pas sa place en prison", a martelé Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, au Parisien.

"Le rôle du patron de la police n’est pas d’essayer de couvrir ses troupes"

Des propos qui étonnent l'avocat Charles Consigny ce lundi dans "Les Grandes Gueules", sur RMC et RMC Story: "Il est faible. Ces autorités sont faibles. Si vous êtes le supérieur hiérarchique de gens suspectés d’avoir fait une bavure, il ne faut pas les couvrir mais leur taper sur les doigts. Le rôle d’un supérieur hiérarchique, c’est d’avoir de l’autorité sur ses troupes", estime le conseil.

"On évoque des faits d’une gravité exceptionnelle. Dans ces conditions-là, le rôle du patron de la police n’est pas d’essayer de couvrir ses troupes", ajoute Charles Consigny.

"Je connais le travail de la police, profondément utile et dans des conditions très dures. Certains, cependant, se permettent beaucoup de choses. Nicolas Sarkozy, qui défendait la police, exigeait beaucoup d'elle. C'était du donnant-donnant", se rappelle l'avocat.

Le policier placé en détention provisoire est accusé de violences en réunion. Il est soupçonné, pendant les émeutes, d'avoir roué de coups Heidi, un jeune Marseillais laissé pour mort dans la rue.

"A la tête du client"

"La détention provisoire est demandée furieusement et systématiquement dans un certain nombre d’affaires par le parquet qui a autorité sur la police. En réalité, police et justice demandent systématiquement cette détention provisoire. Là, comme par hasard quand ça touche l’un des leurs, cela devient très grave", constate Charles Consigny.

Pour autant, l'avocat estime que ce placement en détention provisoire est peut-être exagéré. "Il y a beaucoup de dossiers, où pour calmer l’opinion publique, on demande le placement en détention provisoire. Dans ce dossier, le placement sous contrôle judiciaire aurait peut-être suffi", note Charles Consigny.

"Le placement en détention provisoire est décidé selon des critères très précis comme le risque de réitération des faits, de fuite à l’étranger, de risque de pression sur les témoins et les victimes, le trouble à l’ordre public ou encore le risque de déperdition des preuves", rappelle Charles Consigny qui note cependant que la détention provisoire est censée être "l'exception" mais "s'est banalisée".

"Je trouve que c’est à la tête du client, et qu’il y a un recours à la détention provisoire qui est systématique", note l'avocat.

Le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux a reçu le soutien de Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris. De leur côté, de nombreux policiers de la cité phocéenne sont en arrêt-maladie, pour protester contre le placement en détention de leur collègue. Des absences qui ont des conséquences directes sur le fonctionnement de la police à Marseille.

La rédaction de RMC