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Policiers mis en examen après un bizutage: "Le bizutage en soi n'est pas en problème", plaide Linda Kebbab sur RMC

DOCUMENT RMC - Un homme interpellé pour une toute autre raison a failli être jugé à tort pour des violences sur une policière sur la base d’un faux procès-verbal. La policière avait en fait été victime d'un bizutage violent par deux de ses collègues.

En mai dernier une jeune policière du commissariat de Vanves dans les Hauts-de-Seine est bizutée par deux de ses collègues. L'un d'eux la menotte et la jette brutalement dans une cellule de garde à vue, la jeune femme chute et se fracture le poignet.

Pour maquiller leur mauvaise blague, les policiers mettent cette blessure sur le dos d'un homme qu'ils viennent d'interpeller. Les deux fonctionnaires chargent l'individu sur leur procès verbal. L'homme est sur le point d'être jugé sauf que le commissaire prend des nouvelles de la jeune gardienne de la paix qui lui avoue tout : le harcèlement depuis des mois, l'origine de sa blessure lors d'un bizutage et surtout les mensonges.

L'homme accusé à tort est blanchi et L'IGPN, la police des polices, découvre que le tandem harcèle régulièrement d'autres collègues et brutalise aussi gratuitement des personnes contrôlées.

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"Pour cacher une stupidité on va jusqu'à sombrer dans la criminalité"

"Il y a un choc et un véritable rejet brutal de ce type de comportement s'il est avéré dans nos rangs", déplore ce vendredi sur RMC Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat unité SGP police FO. "Cela jette l'opprobre sur l'ensemble d'une profession et d'une institution. Ce qui est choquant c'est que pour cacher une stupidité on va jusqu'à sombrer dans la criminalité", ajoute-t-elle avant d'estimer que le bizutage est une pratique courante qui renforce les liens entre fonctionnaires.

"Dans tous les métiers d'uniforme il y a des bizutages qui sont bon enfant, qui créent l'esprit de camaraderie. Ce n'est pas quelque chose qu'il faut rejeter. Le bizutage en soi n'est pas en problème, c'est la manière dont on va respecter l'humain qui va devoir être interrogée. Sur ce type de bizutage, menotter et jeter quelqu'un dans une cellule, ce n'est plus du bizutage, ce sont des violences", dénonce Linda Kebbab, qui ne plaide pas pour l'interdiction de ces pratiques.

D'après les informations de BFM Paris les deux policiers mis en cause dans le bizutage de Vanves sont toujours suspendus depuis juin. Ils ont été mis en examen notamment pour violences, harcèlement et usage de faux.

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Jean-Baptiste Bourgeon avec Guillaume Dussourt