Pour mettre fin aux contrôles au faciès Charles Consigny plaide pour l'arrêt des contrôles d'identité
Les propos d'Emmanuel Macron vendredi ont beaucoup fait réagir dans les rangs de la police. Lors d'un entretien avec le média en ligne Brut, le chef de l'Etat a déploré la pratique des contrôles au faciès, les estimant à l'origine de la haine de la police dans certains quartiers: "Les quelques chiffres que l’on a le montrent. Quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche on est beaucoup plus contrôlés, encore plus quand on est un garçon parce qu’on est identifiés comme étant un facteur de risque et c’est insoutenable", a assuré le président de la République.
De quoi provoquer la colère. Dans la foulée, plusieurs syndicats de policiers ont appelés à l'arrêt des contrôles d'identité, dénonçant "la défiance de l'Etat vis-à-vis des policiers", avec comme mot d'ordre "Non la police, n'est pas raciste, elle ne choisit pas sa délinquance". Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a même demandé au président de la République de présenter ses excuses aux policiers, lors d'un entretien sur France 2.
L'Etat déjà condamné en 2016 pour des contrôles au faciès
Pourtant, une enquête publiée en 2017 par le défenseur des droits Jacques Toubon laissait apparaître que les jeunes "perçus comme noirs ou arabes", avaient 20 fois plus de chance de se faire contrôler que les autres. En 2009 déjà, une étude du CNRS mettait en lumière des contrôles fondés "sur l'apparence raciale et le style de vêtement". Et selon cette étude, une personne noire a entre 3 et 11 fois plus de risques d'être contrôlée et une personne perçue comme Arabe 7 fois plus.
En 2011, c'est cette fois une enquête de l’Union Européenne qui mettait en évidence que "parmi les personnes issues de minorités résidant en France, 25% avaient subi un contrôle au cours des deux années, contre seulement 10% des individus appartenant à la population majoritaire". Et en 2016, la justice a définitivement condamné l'Etat dans trois dossiers de contrôle au faciès.
"Je ne comprends pas qu’on soit contrôlé aléatoirement"
S'il estime de son côté ne pas savoir si la pratique est "généralisée" au sein de la police, l'avocat Charles Consigny plaide pour mettre fin aux contrôles d'identité purement et simplement afin de clore le débat: "Je trouve ça insupportable d’être contrôlé, je ne comprends pas qu’on soit contrôlé aléatoirement comme ça alors qu’on n’est pas en train de commettre un délit", déplore-t-il sur le plateau des "Grandes Gueules" ce lundi
"Je suis tout le temps contrôlé en scooter, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Les deux-roues sont la cible privilégiée des policiers", ajoute Charles Consigny.